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  • Jour 68. À pas d’escargot.

    Fonfria - Samos 19km. Cumul : 1492 km.

    Badaboum ! C’est le bruit de l’orage qui éclate au moment où j’écris, tout en me massant le tibia et le pied droits, bien à l’abri installé dans une chambre individuelle de l’Auberge du Monastère de Samos. Badaboum ! C’est aussi le résumé d’une journée où le Camino a encore fait du yoyo avec le pèlerin.

    Le patch a été sans effet aujourd’hui. J’ai souffert comme un damné à cause de cette p….. de périostite, qui était mon appréhension avant de partir et qui m’a donc bien choppé à 150 bornes de l’arrivée.

    Hier rappelez-vous, je vous racontais les beautés du jour. Là, je refais encore (ce doit être au moins la version 5) mon planning étapes. Je table carrément sur 17Km maxi et par conséquent une arrivée encore différée. J’ai beau savoir endurer, on a tous nos seuils de tolérance.

     

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  • Jour 67. Beau et bon.

    Vega de Valcarce - Fonfria 24 km. Cumul : 1473 km.

    Fabienne la pèlerine franco-Suisse m’a donc surnommé Monsieur Yoyo. Mais ce n’est pas moi ! C’est le Camino qui joue au yoyo ! Ainsi après les affres d’hier et l’étape écourtée, aujourd’hui fut une très bonne et belle journée. Le but approche et j’ai à la fois hâte d’y arriver et envie de faire durer encore cette incroyable aventure. Je pense (moi qui ai toujours le mal de mer) aux marins qui reviennent d’un tour du monde en solitaire et qui se dirigent  très doucement vers le port, un peu inquiets et pas pressés peut-être de remettre pied à terre, songeant à tout ce qu’ils ont vécu, nostalgiques avant même d’avoir retrouvé le foyer. Le record du monde du tour du monde en bateau en solitaire est de 42 jours. Si tout va bien je serai parti presque 80 jours…

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  • Jour 66. L’usure.

    Villafranca del Bierzo - Vega de Valcarce 17 km. Cumul : 1449 km.

    Je n’ai pas pu aller plus loin. Au km17, heureusement, j’arrivai à Vega de Valcarce. Vega ! Mon étoile préférée dans le ciel d’été. J’ai voulu y voir un signe, encore. Je devais m’arrêter là aujourd’hui. Ma bonne étoile me le disait. Les 1000 m de dénivelé attendront. Le gîte de O Cebreiro aussi. Ma douleur au tibia ne me laissait plus le choix, malgré un anti-inflammatoire anesthésiant donné par un gentil couple de Français partis de chez eux aussi, en région parisienne. Ils m’ont appris en passant que nous sommes 2% dans ce cas paraît-il.

    Bref, tout le programme de ma « dernière ligne droite » (171 km tout de même) est à revoir.

     

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  • Jour 65. Commencer et finir.

    Molinaseca - Villafranca del Bierzo 31 km. Cumul : 1432 km.

    A moins de 200 km de Santiago, ça aurait pu s’arrêter là, très bêtement. La pluie, très forte, m’a attrapé à l’entrée du village, après 31 km sous le soleil. Dans une rue en pente, rivé sur Google Maps pour trouver le gîte, j’ai glissé sur une plaque d’égout. Chute très brutale sur les fesses. Ça aurait pu donner fracture du coccyx et téléphone fracassé. La chance, le hasard, mon destin, mon karma, Dieu, les anges … en ont voulu autrement.

    C’est ma deuxième chute (voir jour 32). J’espère la dernière. J’aurais vraiment pu me faire mal. Vous imaginez : me casser le cul sur le Camino ! Et dire que ce matin j’avais poussé mon cri de paix pour la première fois sur ce Camino Frances !

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  • Jour 64. Dieu joue aux dés.

    Rabanal del Camino - Molinaseca 26 km. Cumul : 1401 km.

    Je dois absolument vous reparler du hasard. Hier, juste après avoir écrit ma chronique quotidienne, où j’évoquais donc les hasards du Chemin, j’ai cherché l’image du jour. Et en repassant toutes les photos sur mon téléphone je tombe sur cet étrange « sculpture » posée au milieu de nulle part, en forme de… dé ! J’avais  vraiment oublié cette photo en écrivant le texte. C’est incroyable, non ? Je l’ai mise rapidement sur le blog (voir donc la chronique d’hier) sans vous en dire plus. Je vous rappelle que « hasard » est un mot d’origine arabe qui veut dire « jeu de dés ».

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  • Jour 63. Le chemin des hasards.

    Astorga - Rabanal del Camino 21 km. Cumul : 1375 km.

    Cette nuit Achille m’est apparu en rêve. Le héros grec, lui-même. En jupette et le casque sous le bras. Il m’a dit : « Ne leur parle plus de ton talon sinon ils ne vont retenir que ça de ton histoire. Crois-en mon expérience. ». Je le crois. Vous n’entendrez donc plus parler de mon talon droit. Mais je vous parlerai peut-être de mon gros orteil gauche ! Parce qu’aujourd’hui c’est lui qui m’a fait souffrir dans les derniers kilomètres.

    Encore de longues lignes droites, plein ouest, mais le Camino s’est enfin éloigné des bords de grandes routes. Les pistes et chemins du jour ressemblaient à « chez nous »( chez moi). J’ai retrouvé des sentiers avec des pierres, des racines, qui traversent des bouts de forêt ou passent au milieu des genêts en fleurs. Et puis de jolis petits villages avec des églises à cloches apparentes. Une belle étape. Malgré la pluie intermittente et un ciel grisouille.

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  • Jour 62. L’épreuve.

    Leòn - Astorga 0km (bus). Cumul : 1354 km.

    « Are you OK ? ». Encore ! Cette fois c’est une allemande un peu âgée qui s’inquiète. Je suis pourtant déjà allongé-assis sur mon lit dans un grand dortoir plutôt sympa sous les toits. Il n’est que 13h30. Et je n’ai pas fait d’étape. J’ai seulement visité  la cathédrale très gothique et ses superbes vitraux, avant de prendre le bus qui m’a amené à Astorga. Que s’est-il passé ?

    Hier matin encore, lors d’un rapide Whatsap vidéo avec quelques anciens collègues de boulot, on me trouvait bonne mine, et même « beau » avec ma barbe et chevelure de 60 jours ! Oui, que s’est-il passé ? Je crois que, en plus du problème récurrent à ce fameux talon  j’ai sous-estimé la fragilité de Mister P. (1) et pas pris conscience des efforts qu’il a consentis. D’où l’actuelle confusion de mon état d’esprit, et l’épreuve que représente cette dernière partie de mon Camino.

     

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  • Jour 61. Le cri.

    Mansilla de Las Mulas - Leòn 19km. Cumul : 1354 km.

    « Buen camino ! Are you ok ? ». Je devais avoir une sale tête pour qu’elle me demande ça au moment où elle me dépassait d’un pas rapide sur une large avenue en entrant dans Leòn. Je venais de prendre en photo une très belle oeuvre murale qui évidemment m’avait fait penser au fameux tableau de Munch. Coréenne ? Chinoise ? Elle portait un sac super light, des mitaines, un large chapeau, plus un parapluie pare-soleil. En mode touriste asiatique en Europe mais elle suivait soigneusement les flèches jaunes sur le trottoir. Je l’ai quittée pour chercher mon hôtel dans le « barrio humedo ».

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  • Jour 60. Ultreïa !

    El Burgo Ranero - Mansilla de Las Mulas 19 km. Cumul : 1335 km.

    Hier je n’avais pas comme prévu offert de la musique sur le Chemin.

    J’étais trop préoccupé par une fin d’étape difficile et en plus j’étais  rigoureusement seul pendant les deux dernières heures. Ce matin encore j’ai marché sans aucun pèlerin à proximité. Oui, c’est possible, surtout sur ces longues lignes droites, je ne sais pas pourquoi. J’ai tout de même repris Deezer et choisi cette fois les Cantates de Bach. Cette musique donne envie de croire en Dieu. Elle m’a vraiment aidé à rester serein dans l’épreuve de ces très longues lignes droites où une courbe est un événement. Mes pensées étaient claires, mon esprit apaisé. J’ai trouvé mon équilibre sur ce Camino Frances J’ai pris le temps de me tourner, de regarder cet horizon à 360 degrés, de rajouter un caillou aux offrandes de pied de croix.

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  • Jour 59. Les graffitis.

    Terradillos de Los Templorios - El Burgo Ranero 30 km. Cumul : 1316 km.

    Hier, j’ai eu tort de présenter la région de la « Meseta » comme un aimable divertissement esthétique. Aujourd’hui elle s’est vengée. Durement. Cet immense plateau agricole de Castille, redouté des pèlerins, a été cette fois à la hauteur de sa réputation. J’ai marché une bonne vingtaine de km sur des pistes droites dont les lointaines perspectives s’ouvrent quand on les atteint sur d’autres perspectives très lointaines, un point au bout du chemin qui n’en finit pas, parfois un angle très léger, des pistes en terre blanche qui longent systématiquement la route. Tout autour de ces deux lignes parallèles, des champs à perte de vue… Heureusement qu’une rangée de jeunes platanes offre de l’ombre au marcheur.

    Rude épreuve, donc, physique et mentale, surtout pour une étape de 30km. Mais comme le rappelle un graffiti écrit au feutre sur un des très fréquents panneaux indicateurs du Chemin : « No camino sin dolores «. Inutile que je traduise.

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  • Jour 58. Bach en chemin.

    Carrion de Los Condes - Terradillos de Los Templarios 27 km. Cumul : 1286 km.

    Mon ombre et moi, ce matin, on faisait vraiment la paire. On avançait à pas de géants. Mes pieds découvraient les sandales numéro 4. Pensée émue, au passage, pour les numéro 1 abandonnées dans le gîte glauque de l’Isle-de-Noé (France). Je n’étais pas loin de pousser enfin mon cri de paix sur le Camino Frances pour la première fois. Mais un fucking de jeune américain qui marchait derrière moi s’est mis à téléphoner. Il me collait aux sandales, en plus. Je me suis retourné, lui ai fait un signe que je croyais international et compréhensible. Apparemment non puisque la conversation s’est prolongée. J’ai songé à être plus explicite, mais j’ai eu peur de l’être trop. Je m’en suis débarrassé au premier arrêt café (km 8).

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  • Jour 57. Mes pieds socratiques.

    Fromista - Carrion de Los Condes 22 km. Cumul :1259 km.

    Ce Camino Frances est décidément bien déstabilisant. On ne sait jamais à quoi s’attendre, malgré la routine apparente de la marche quotidienne et l’enchaînement des étapes. En fonction de notre état du moment on est bousculé par des hauts et des bas, montagnes russes sensorielles et émotionnelles. Ne nous en plaignons pas. Je ne suis pas venu chercher un long chemin tranquille.

    Ce Camino Frances, quoi qu’on en pense, a du caractère. Il nous propose chaque jour de nouveaux défis, et nous fait constamment sortir de notre fameuse « zone de confort ». Je commence à prendre conscience, peut-être parce que j’aborde la « dernière ligne droite » (des centaines de Km tout de même…), de tout ce que cette aventure représente, de toutes les traces qu’elle va me laisser, de toutes les leçons que je vais en tirer.

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  • Jour 56. La mesure de toute chose.

    Castrojeriz - Fromista 27 km. Cumul 1237 km.

    Les Grecs anciens avaient pour philosophie : de la mesure en toute chose (« pan metron « ). Le pèlerin de Compostelle a une mesure qui s’impose sur toutes les autres : le kilomètre. A l’étape on ne reste jamais très longtemps sans parler de ces fameux « kilomètres » qui définissent et différencient une journée d’une autre. Pendant la marche on ne cesse de s’interroger sur les kilomètres parcourus et les kilomètres restants. On regarde nos montres, nos téléphones, les panneaux. Ces distances ont parfois des marges d’erreur qui imposent des kilomètres en plus (rarement en moins). Bref, le pèlerin est obsédé par le kilomètre et il le vit tellement intensément dans son corps, jour après jour, que cette mesure devient la mesure de son monde : pan kilometron.

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  • Jour 55. La collection de moments.

    Hontanas - Castrojeriz 10 km. Cumul : 1210 km.

    C’est une étape exceptionnellement courte, à cause d’une planification complexe des hébergements et parce que Castrojeriz est un village réputé. Je pars à 7h30 et tout le monde ou presque a déjà quitté le dortoir. Je prends mon temps. Ça tombe bien puisque le chemin est bordé de magnifiques champs de coquelicots. J’écoute enfin de la musique. Le piano de Sofiane Pamart me met les larmes aux yeux. L’art exhalte nos émotions. Je m’arrête et regarde ce paysage vert et rouge, les vagues que le vent trace dans les champs de blé. Je retrouve enfin un moment de grâce, un instant d’extase tranquille. Ça y est, j’y suis arrivé, sur ce foutu « Frances ».

     

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  • Jour 54. Les chemins minuscules.

    Tardajos - Hontanas 21 km. Cumul ; 1200 km,

    Je n’ai pas échappé à un petit sentiment de culpabilité quand je suis descendu du taxi qui m’a  extrait de Burgos en m’évitant la pénible sortie de la ville. 18€ pour 10km. Je me suis dépêché de sortir mon sac et mes bâtons du coffre avant que n’arrivent d’autres pèlerins partis du centre-ville.

    Je n’ai plus eu que 21 km à faire pour rallier le pueblo de Hontanas et arriver à l’Albergue Santa Brigida, magnifique adresse qui prouve que même un dortoir collectif peut-être très beau et hyper bien conçu. C’est ma meilleure expérience de ce type depuis le départ. Et pour 13 € la nuit , le même prix que les chambrées sinistres où on entasse les pèlerins-pigeons comme des sardines dans une boîte sans huile…

     

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  • Jour 53. Le lépreux de Burgos.

    Burgos 0 km. Cumul : 1179 km.

    De toutes les sculptures et représentations de pèlerins, celle-ci devient d’emblée ma préférée. Je la découvre sur le parvis de la Cathédrale de Burgos. Le pèlerin de bronze est nu, son corps est travaillé comme s’il était tronc d’arbre, recouvert de mousses, de petites excroissances, tailladé, marqué, troué. On voit dans son dos effleurer sa colonne vertébrale. Tout sauf un corps lisse. Un corps qui a marché, qui a affronté les éléments, dont on ressent les luttes qu’il a livrées. Et une tête superbe, christique et moderne à la fois. Il n’a plus rien, sauf une coquille accrochée en collier, et un bâton de pèlerin qu’il tient fermement appuyé sur le sol.

    Il est nu, il est roi. Il est homme, il est dieu. Il est l’humain, il est la nature.

     

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  • Jour 52. Ulysse.

    Atapuerca - Burgos 20 km. Cumul : 1179 km.

    Depuis hier soir Bernard, qui a donc décidé d’arrêter à Burgos, me décrit tout ce qu’il va faire en rentrant chez lui, s’extasie sur son home avec jardin bientôt retrouvé. Il me parle de Petrus son chien, me dit qu’il va peut-être pleurer en le revoyant. Je pense à Ulysse, et à son chien Argos. Ulysse est parti 20 ans. Bernard est parti 20 jours.

    Il a la nostalgie rapide. Je vois combien il a hâte de rentrer. Il dit que ce n’était pas le chemin qu’il imaginait. Qu’il reviendra. En attendant, dans la chambre d’hôtel que nous partageons à Burgos il fait son sac en chantonnant.

     

     

     

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  • Jour 51. Cœur brisé.

    Belorado - Atapuerca 31 km. Cumul : 1159 km.

    Elle s’appelle Tafra. Elle a 5 ans. Hier je l’avais vue attendre sagement devant un petit café, attachée à un sac à dos.

    Aujourd’hui j’ai longuement discuté avec son maître à la table d’un autre café, ma première pause matinale. David est allemand. Il ne vient pas d’Aix La Chapelle (voir épisodes précédents) mais d’une petite ville de Bavière. Il a la moitié de mon âge. Il est beau. Et il a le cœur brisé…

     

     

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  • Jour 50. Jésus, reviens !

    Ciruena - Belorado 30km. Cumul : 1128km.

    Il était impossible de ne pas le remarquer. Soutane, chemise blanche, chapeau d’Indiana Jones, des bottines, et pourtant un sac à dos de marcheur  et poncho de pluie. Rien de plus normal qu’un homme d’Eglise sur un chemin de  pèlerinage, mais Compostelle ne propose pourtant pas beaucoup de pèlerins de ce type. Je marchais tranquille avec Frédéric et Martine quand il nous a dépassés à vive allure, marchant aux côtés d’une femme en tenue plus classique de marcheuse. Je l’ai pris en photo de dos (voir jour 49). J’étais loin de me douter de ce qui allait se passer ensuite…

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  • Jour 49. Tout allait bien…

    Navarrete - Ciruena   35 km. Cumul : 1098 km. 

    C’est juste après Azofra que ça a commencé. Jusque là tout s’était bien passé. Comme d’habitude les 8 premiers kilomètres sans effort, très agréables. Un petit-déj sympa après un « kilomètre d’art » (des photos grand format en bord de chemin) à Ventosa.

    Puis mon moment quotidien « accélération ». 6km/h. Je double pas mal de pèlerins et je retrouve dans ce flot Frédéric et Martine, quittés depuis mon arrêt à Sarrance ! Arrêt coca-café vers 11h (c’est ma routine désormais) puis « bocadillos » (sandwich) et « cana »(verre de bière) après déjà 23 km, à Azofra où se sont arrêtés Fred et Martine. Oui, jusque là tout allait bien…

     

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