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  • S2. Jour 30. Nos valeurs.

    Pimbo-Uzan 24km. Cumul : 669km.

    Il est 15h30. Je viens d’arriver à Uzan et j’attends mon ami Ben qui va m’accueillir chez lui ce soir. L’an passé il m’avait déjà hébergé. La Voie d’Arles passe à Pau où il habite. La Voie  du Puy passe un peu plus au nord du département des Pyrénées Atlantique. Il doit donc venir me chercher en voiture.

    C’est vraiment sympa. Ben est un ancien collègue prof d’anglais exilé dans le Béarn près de sa belle-famille. C’est aussi un pote du foot et ce soir je suis à peu près sûr que nous allons regarder Bayern-Réal en demie finale de la Champions ligue.

    Ben est hyper prévenant et bienveillant avec moi. Il me gâte. C’est tout de même incroyable de pouvoir faire étape chez lui un an après alors que je suis sur un autre Camino ! Génial de pouvoir être à ce rendez-vous fixé il y a longtemps. Ben est un lecteur fidèle de ce blog et il me dit : « Ça me fait drôle. J’ai l’impression de rentrer dans un feuilleton. » Ben oui, mon Ben, tu es un personnage du Camino ! Et surtout un super pote…

    Je me rends compte à quel point cette année j’ai besoin de réconfort. Peut-être même de confort tout simplement. Est-ce dire que je n’ai plus le goût de l’aventure, qui est le contraire du confort ? J’aviserai après ce second Camino. Si tout va bien : dans un mois.

    Pour l’instant il faut continuer. J’ai passé presque toute l’étape avec Christian, un niçois avec lequel j’avais eu hier soir au gîte pendant le repas un échange un peu électrique. Mister P. n’est pas toujours assez décontracté en ce moment. Tous les kilomètres passés ensemble aujourd’hui nous ont rapprochés. Il a sa part de drame dans sa vie, ce qui le pousse en partie vers Compostelle. Mister P. s’est excusé et s’est un peu confié sur son labyrinthe intérieur.

    On s’est fait du bien mutuellement.

    C’est naturel sur le Chemin. On remarchera ensemble probablement.

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  • S2. jour 29. Les souliers de Van Gogh.

    Aire-sur-L’Adour -Pimbo 25,5 km. Cumul : 645 km.

    Ça devait arriver un jour ou l’autre.

    Ce matin je n’ai donc pas réussi à rendre ma copie achevée à temps (voir jour 28). Je me suis toujours donné 10h (matin) comme dernière limite. Moi le prof je me sens comme un élève pris en défaut, n’ayant pas su gérer le temps de l’épreuve. Où ai-je fauté ? Hier aprem après la douche je suis retourné boire un coup près du pont sur l’Adour avec Claire et Rémi, de Nouvelle Calédonie, qui terminent ici leur partie de Chemin. A 19h repas collectif au gîte. De retour sir le lit de ma chambrette solo je pique du nez sur le tél en essayant d’écrire. J’ai fait près de 30 km il est vrai. Et j’ai bu deux verres de vin rouge au repas.

    J’oublie de mettre l’alarme pour me réveiller  plus tôt et rédiger la chronique avant de me lever. 7h30 Petit dej. 8h je commence à écrire. Mais j’ai 26 km à faire. Trop pressé. Mauvais boulot. J’arrête d’écrire  et décolle du gîte. Désolé.

    Il faut savoir que cet exercice quotidien nécessite tout de même, sachez-le chers lecteurs-trices, entre 1 et 2h pour rédiger puis mettre en forme sur le blog.

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  • S2. Jour 28. Chaussure à son pied.

    Nogaro-Aire sur l’Adour 29km. Cumul : 619,5

     

    C’est après un plat de « pâtes au kiri » peu convaincant (je suis décidément un cuistot catastrophique) que je fais connaissance, dans la cuisine du gîte, de deux jeunes gens, deux copains. Le courant passe très vite d’autant plus que l’un des deux habite à Marseille, une ville dont on peut parler des heures…

    Nous partageons la même chambre et ils m’invitent à partir très tôt avec eux.

    Voilà pourquoi ce matin je me suis levé à 5 heures. La compagnie de ces brillants jeunes hommes et une très riche conversation a donné une qualité singulière à cette étape qui en aurait manqué par ailleurs. Car son long final sur bitume après des passages pas toujours évidents sur des ornières boueuses dans sa première partie a rendu un peu pénible la marche proprement dite.

    Je profite donc aujourd’hui d’une étape sans fait marquant  pour aborder un sujet « technique » plusieurs fois annoncé et repoussé : le choix des chaussures.

     

     

    Ceux qui ont suivi le premier Camino savent que je l’ai effectué intégralement avec des « sandales ». Certes plusieurs modèles et plusieurs types (4 en tout pour 75 jours) mais sans autre sorte de chaussures.

    C’est une douleur au talon persistance avant même mon départ et divers essais qui m’avaient convaincu de ce choix qui sur le chemin surprenait pas mal de monde. Assez vite (à l’hôpital de Castres) on m’avait diagnostiqué une aponévrose et malgré la logique de devoir amortir les chocs j’ai choisi la solution sandales qui, au ressenti, me convenait mieux.

    J’ai géré durant tout ce premier Camino cette douleur persistante et j’en suis revenu convaincu par la marche en sandales.

    J’ai choisi de retenter cette année de partir avec le modèle acheté pour l’an dernier : Hoka Anacapa.

    Mais avec une différence : j’ai accepté de mettre mes semelles orthopédiques. Est-ce cela qui fait toute la différence ? La douleur est parfois encore présente mais rien à voir avec l’an dernier.

    (Desolé… pris par le temps aujourd’hui… pas le temps de finir cette chronique « technique » ce matin… je termine plus tard en route pour Pimbo, j’ai 26 km à faire et il est déjà 8h30…). A ce soir …

    ;-)

     

  • S2. Jour 27. Le labyrinthe.

    Eauze-Nogaro 21km. Cumul : 590,5 km.

    Quelques centaines de mètres seulement après avoir quitté le gîte de Jean-Pierre, le chemin me conduit devant une plaque de rue totalement inédite depuis que j’arpente les chemins vers Saint-Jacques. Le panneau devant moi indique : « Impasse de Compostelle ».

    Que dois-je conclure de ce nouveau signe ? Que mes Caminos  peuvent être des impasses ? Que je n’y trouve rien « à la fin » ? Que j’en revienne sans rien avoir appris ? Il faut en accepter l’hypothèse.

    Pourtant ce matin je me sentais justement sorti de l’impasse, notamment celle des questions sur l’écriture de ces chroniques quotidiennes et sa fonction. Oui, j’y prends toujours du plaisir, oui elle m’est toujours  nécessaire, oui elle accompagne naturellement ma marche et forme avec elle un binôme indissociable.

    En fait l’impasse où je me suis trouvé il y a deux jours (voir jour 25) était plutôt une impasse émotionnelle en grande partie due à la fragilisation de Mister P.

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  • S2. Jour 26. «J’aime les cadavres »

    Larresingle-Eauze 29,5 km. Cumul : 569,5 km.

    Un randonneur ordinaire s’étonnerait de tous ces bâtons de marche posés contre un pilier sans portail.

    Un caminard comprend tout de suite : le gîte (dont c’est l’entrée) a regroupé là les bâtons perdus, oubliés, donnés, abandonnés… Ils sont offerts au pèlerin qui passe, s’il en a besoin, moyennant une participation en « donativo »(donation). Il y a un petit bocal posé par terre pour recueillir l’obole.

    Jojo et Jaja, mes fidèles bâtons-compagnons, ont été émus par ces camarades en quête de nouveaux propriétaires. Pour un peu ils m’auraient presque obligé à adopter un ou deux de ces orphelins. Désolé, mais c’est non.

    Je commence cette chronique par cette anecdote typiquement « caminesque » pour retrouver un peu de légèreté après les questions pesantes d’hier.

    Restons légers aussi et choisissons d’en rire pour évoquer le gîte où je suis arrivé après une longue et éprouvante (sur la fin) étape.

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  • S2. Jour 25. Écrire or not écrire ?

    La Romieu-Larresingle 21km.Cumul : 540km.

    Je touche peut-être les limites de l’exercice et du projet. Je ne sais pas si je vais continuer à pouvoir écrire. Je suis dans un état que je n’aurais jamais pu imaginer il y a encore seulement quelques jours.

    Je repense à mes extases de joie pure sur l’Aubrac. Que s’est-il passé ? Comment est-ce possible alors que mon corps supporte très bien l’addition des jours de marche ? Alors que mes talons douloureux qui m’ont taraudé pendant le premier camino sont redevenus presque indolores ? Que se passe-t-il pour que, pour la première fois en 100 jours (si je cumule les deux Caminos) je songe à ne pas écrire cette chronique ?

    Que se passe-t-il pour que je l’écrive finalement au milieu de la nuit (et que je l’antidate pour qu’elle soit d’hier soir) ? Pourquoi suis-je si mal alors que j’étais si bien ? Pourquoi là, dans le grand lit confortable d’une chambre presque luxueuse d’une auberge aux portes de la petite cité fortifiée de Larressingle ?

    Bref, pourquoi tout craque alors que je vivais pleinement ce second camino ?

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  • S2. Jour 24. Logeur d’honneur.

    Castet-Arrouy - La Romieu 31 km. Cumul : 519km.

    Le logeur du gîte « Le temps de l’escargot » s’appelle donc Jean-Patrick, un prénom un peu improbable tout droit sorti des années 60. Tignasse, petit bouc, lunettes, lui donnent des airs d’un professeur de comédie ou de gentil savant, mais version littéraire car sur une table traîne un Gaffiot (dico de référence français-latin) et le mot de passe wifi bizarre est, m’explique-t-il, la traduction de « escargot » en… persan ! Jean-Patrick m’apprend ainsi qu’il a fait « Langues orientales », a appris le persan et l’indonésien, a fait divers métiers (dont je ne saurai rien sauf qu’il n’a jamais été… prof!) puis a repris ce gîte depuis quelques mois, tout en voulant se remettre au latin et au grec. Il nous reçoit en chaussons, sans façons, dans sa petite maison dans la ruelle principale à l’entrée de Castet-Arrouy.

    Des hospitalier(e)s, gérant(e)s de gîtes, accueillants et sympas, attentifs et généreux, j’en ai déjà rencontré plein (voir jours précédents) mais ce Jean-Patrick est le plus original, d’une vraie et toute simple bonhommie, comme un grand doudou.

     

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  • S2. Jour 23. Imagine

    Auvillar-Castet Aurrouy 24 km. Cumul : 488 km.

    Les limites des départements ne relèvent que d’un découpage administratif. Pourtant c’est aussi la merveilleuse variété du territoire de France qui se révèle étonnamment dans le passage d’un département à un autre. Haute-Loire, Lozère, Aveyron, Lot, Tarn-et-Garonne, m’ont déjà offert la singularité de leurs paysages, de leurs sols, de leurs terroirs, de leurs architectures. Chaque fois on peut clairement identifier le département.  Aujourd’hui je retrouve le Gers que j’ai traversé dans sa partie sud (Auch) l’an dernier. Je retrouve ces champs immenses sur des grandes parcelles « bossues », cet espace, ce vaste ciel, qui m’avaient charmé sur la Voie d’Arles. C’est très différent de ce qui a précédé. Est-ce pour cela que j’ai retrouvé la forme aujourd’hui ? Ou n’est-ce qu’un exemple de plus de l’effet « yoyo » de ce Chemin (en tout cas pour moi) dont on ne maîtrise jamais toutes les composantes ?

    J’ai donc retrouvé mes jambes à défaut de rassurer Mister P. A ce propos, Dominique, qui m’avait joliment reçu dans son gîte en Gers-sud, me suggère d’en parler moins, pour éviter de lui attribuer trop d’importance. Je comprends ce conseil. Mais comment évoquer cette partie de mon vécu actuel sans trop de gravité ni trop de légèreté? Comment dire sans insister mais sans pouvoir négliger ?

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  • S2. Jour 22. La confluence.

    Moissac-Auvillar 22,5 km. Cumul : 464 km,

    Je me suis traîné toute la journée. Incapable de prendre un bon rythme. Vidé. Il faut dire que j’ai choisi la variante « collines » au lieu de suivre platement toute la journée le canal qui longe le Tarn puis la Garonne quand celle-ci a avalé celui-là. Mais voir d’en haut cette confluence se mérite. Quelques sévères raidillons ont bien sollicité mollets et tendons d’Achille.

    Malgré ses efforts Mister P. continue d’être confronté à de désagréables sensations, dans le corps et dans la tête. Mauvais passage. Je vis paradoxalement plus difficilement que l’an dernier la durée du Camino et l’éloignement des miens. Probablement à cause de cet état de plus grande fragilité.

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  • S2. Jour 21. No day’s perfect.

    Lauzerte-Moissac 28,5 km. Cumul : 441,5 km.

    Au km 3 j’ai failli passer à côté de la Chapelle Saint Sernin. Encore un lieu où s’apaise l’esprit. Quatre chaises en désordre. Un christ en bois, crucifix sans croix, admirable. Une seule bougie sur l’autel devant une statue de Marie. Un seul pot avec une plante vivace. Trois petites ouvertures où passe la lumière pure toute blanche du matin dont un rayon vient tomber sur les pieds du Christ. Recueillement spontané dans cet espace plein de vide. Je partage ce moment  avec trois Lillois que je rencontre dans ce lieu magique. Dehors nous  exprimons  tous la même émotion.

    Je continue la marche avec eux.

    Au km6, un chevreuil hésite puis traverse la petite route cent mètres devant nous avant de s’élancer en bonds successifs le long d’un champ labouré. On se croirait dans un Walt Disney. En mieux bien sûr. Autre instant magique. Autre émotion.

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  • S2. Jour 20. Le pouvoir des fleurs.

    Lascabanes-Lauzerte 25,5 km. Cumul : 413km.

    J’ai proposé un défi à Enzo aujourd’hui. S’il ne dit pas une seule fois « casse (ou bats) les couilles «  dans la journée, je lui paye une glace à l’arrivée à Lauzerte. il a craqué au bout de deux heures, a réclamé une deuxième chance. On l’a jouée à Chifoumi. Il a gagné et s’est tenu jusqu’à la fin de l’étape.

    Le petit apprenti caïd a eu droit à sa glace, comme un enfant…

    A part ça… magnifique journée où les fleurs ont envahi le paysage, ont envahi les sentiers. A la sortie de Montcuq (j’y peux rien, c’est comme ça), marchant parmi ces champs de fleurs, je serais presque tombé à genoux de reconnaissance tellement c’était beau. Encore un de ces moments de béatitude devant le spectacle de la nature. Darwin lui-même ne s’est jamais remis de ce qu’il appelait « l’abominable mystère des fleurs », s’extasiant devant leur insolente conquête du monde végétal puisqu’elles représentent 90% des espèces de plantes.

     

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  • S2. Jour 19. Enzo.

    Cahors-Lascabanes 24,5 km. Cumul  : 387,5 km.

    Pas facile de s’arracher aux attentions de l’amitié, aux bras de l’amour. Pas facile de tourner le dos au confort et de reprendre la route.

    N’exagérons pas non plus. Tout cela est choisi, volontaire, programmé. Nul exil, nul exode, nul départ contraint, nulle marche forcée. Alors pas de plainte mais plutôt la joie de ce nouveau départ. Je traverse le pont médiéval, je retrouve les balises rouge et blanche, je reprends le fil de ce Camino, j’attaque la première montée. C’est reparti !

    Sur le plateau, à la Croix Magne, après 1km seulement, je retrouve Pierre, l’éducateur rennais, et Enzo, l’ado délinquant qu’il accompagne pour un « séjour de rupture », une « marche éducative » de trois mois.  Je les avais rencontrés à l’étape 3 (voir Jour 3) et voilà que leur rythme volontairement lent , leurs jours de pause et les miens, nous remettent dans le même tempo.

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  • S2. Jour 18. Homo sapiens ?

    Cahors. 0km. Cumul : 363 km. 

    Lascaux, Roufignac, Cougnac, Chauvet, Cosquer… A la liste des plus fameuses « grottes  ornées » que je connais (version réelle ou fac-similé) il manquait celle du Pech Merle. Je ne pouvais manquer de la visiter dans ces jours de repos sur mon Camino à proximité de cet autre site exceptionnel. Et cela d’autant plus après ma récente lecture de la formidable BD d’Etienne Davodeau : « Le droit du sol ». Il y raconte sa traversée de la France à pied partant de Pech Merle, témoignage de l’art pariétal, jusqu’au site de Bure où l’on prépare un grand site d’enfouissement des déchets nucléaires. Voyage à pied d’une époque de l’humanité à une autre, et occasion de diverses réflexions sur l’évolution et sur les traces que nous laissons à nos descendants…

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  • S2. Jour 17. Immortel.

    Cahors. 0 km. Cumul : 363 km.

    Passer à Rocamadour, haut-lieu de pèlerinage et étape importante vers  Compostelle, constituait une variante sur ce second Camino. J’ai choisi de rester sur la voie principale entre Figeac et Cahors et d’inclure ce fameux site touristique dans mes jours de pause, bénéficiant de la voiture de mes anges gardiens. Cela dit le tourisme n’est pas de tout repos : 8 km hier, 10 aujourd’hui. Monter descendre jusqu’au sanctuaire à Rocamadour. Descendre monter dans le gouffre de Padirac.

    Je connaissais déjà ces deux sites remarquables. L’un culturel, l’autre naturel. Une construction voulue par l’homme, un décor  façonné par l’eau et le temps. Deux formes de beauté. On n’est pas obligé de choisir.

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  • S2. Jour 16. Une journée particulière.

    Cahors. 0 km. Cumul : 363 km.

    Changement radical. Grasse matinée en attendant l’arrivée des trois anges gardiens  venus me rejoindre sur mon chemin et première journée en mode touriste à Cahors. Une journée de repos fait partie du Chemin. Alors je la raconte aussi.

    Dès hier soir j’ai tout sorti du sac  et commencé une révision complète du contenu : ce qui est à laver, ce que je vais changer, ce que je vais laisser. Ne rien ajouter surtout.

    La principale interrogation porte encore sur les chaussures (un sujet décidément sans fin !).  N. m’a amené une paire neuve du modèle Anacapa de la marque Hoka, exactement les mêmes que celles que je porte depuis Le Puy, et qui étaient déjà usées. Les 363 km effectués ont ajouté leur effet sur les semelles beaucoup trop tendres. C’est le défaut de cette marque. Mais en même temps  ces chaussures se sont adaptées à mes pieds. Choisir les neuves c’est prendre le risque de déranger cet accord (fondamental) entre pied et chaussure. Voilà pourquoi je vais les porter pour ces jours de déambulation touristique. Je déciderai au dernier moment.

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  • S2. Jour 15. Histoires de Q.

    Lalbenque-Cahors 21 km. Cumul : 363 km.

    Me voici donc à Cahors, un jour plus tôt que prévu initialement. A quelques broutilles près je suis à mi-parcours et à mi-temps de la Voie du Puy (Via Podiensis) qui s’achèvera à St Jean Pied de Port.

    Premier contrat rempli. 15 jours c’est le temps qu’il faut pour « entrer » dans le Chemin, pour l’apprivoiser, l’accepter, pour commencer à le comprendre.

    Mon expérience du Camino 2023 m’a-t-elle servi ? Oui et non. Beaucoup de choses m’ont paru familières et j’ai retrouvé une ambiance et des situations que je connaissais mais le Chemin reste parfois déroutant et imprévisible notamment en ce qui concerne ses effets sur le corps. Pourquoi ces douleurs un jour et plus le lendemain ? Pourquoi ces difficultés d’un moment et ces élans d’un autre ? On tâtonne, on expérimente, on fait des essais. On ne maîtrise pas, il faut accepter notre ignorance tout en restant très attentif à tous les signaux envoyés.

    C’est une sacrée leçon d’humilité et chaque jour est un nouveau jour bien que les rituels quotidiens soient les mêmes et le but toujours identique. Sur le Camino on ne risque pas de « péter plus haut que son cul ». Il faudrait de toute façon pour cela, comme le rappelait Rabelais, « d’abord se trouer le dos « ! 

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  • S2.Jour 14. Pas increvable.

    Limogne en Quercy - Lalbenque 27 km. Cumul : 342 km.

    Ce devait être une journée tranquille, une étape de « transition » pour se rapprocher de Cahors, sans relief, juste avancer en bouffant du kilomètre.

    Ce fut le cas jusqu’à la pause sandwich à Bach, où je retrouvai Michel et Mariana. A partir de là, tout a basculé dans l’étape harassante. Après de longs chemins pierreux sous un soleil de mois d’août, je suis arrivé sur une route que je devais emprunter sur 6 km « hors GR » (et ça c’est terrible pour un cheminard) pour rejoindre le gîte réservé au dernier moment hier soir suite à mes nombreux changements de planning d’étapes. Je n’avais pas prêté attention à ce bonus kilométrique qui est tout sauf un détail. Michel et Mariana, eux, continuaient sur le GR (GR 65 que l’on suit depuis Le Puy et qui est la voie vers Compostelle).

    Mon étape se termina finalement au (long) bout de 27km, manquant d’eau, et absolument crevé après cette dernière portion bitumée épuisante au point que je me suis arrêté presque 30 mn à 2 kilomètres du but. Ça ne m’était jamais arrivé.

    Au gîte, où Éric était arrivé, deux bières d’affilée me ramenèrent à mon état à peu près normal.

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  • S2. Jour 13. Haut niveau.

    Gîte La Tounisse-Cajarc-Limogne en Quercy 26,5 km. Cumul : 315 km.

    J’ai d’abord retrouvé mon pas d’escargot, expérimenté l’an dernier. Arrivé à Cajarc (la ville du « schmilblick » de Coluche !), il n’était pas midi, j’ai bu un diabolo menthe et très vite je me suis demandé ce que j’allais faire tout l’après-midi. Alors en deux coups de tél j’ai modifié mes réservations de gîtes et… je suis reparti. Difficile, très difficile, pour un pèlerin, d’accepter l’immobilité. Donc encore un changement de programme. J’arriverai à Cahors un jour avant.

    De ce fait j’ai marché aux heures les plus chaudes. Soleil de feu, mi-avril. Mais je l’ai moins subi qu’hier.

    Je me suis mis en mode « éco » et j’ai bien avancé sur ces chemins maintenant calcaire qui ressemblent à ceux de ma Provence. Dans ce coin, toujours autant de maisons anciennes superbement retapées, fleuries à  profusion, et qui sentent bon les enfances et vacances heureuses.

    Bonne surprise ensuite à un « arrêt pèlerin » (abri en pierres, tables, chaises, point d’eau et… poubelle) : je retrouve Mariana et Michel. On repart ensemble. Je suis de nouveau en forme. J’avais de toute évidence encore besoin de compagnie. En marchant on parle croyances et spiritualités avec Mariana.

    Mais il ne faut pas croire que l’on n’aborde sur ce chemin que des sujets « sérieux » à haute valeur intellectuelle.

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  • S2. Jour 12. Up and down.

    Figeac-Gîte La Tounisse 25,5 km. Cumul : 288,5 km.

    Mariana est d’origine ukrainienne. J’ai longuement parlé avec cette pèlerine avant le repas. Elle a 40 ans. Elle pense que le conflit avec la Russie devrait s’arrêter, que cette guerre dure pour de mauvaises raisons, que les deux peuples sont manipulés. Ce soir un groupe de cavalières est arrivé au gîte. L’une est d’origine russe. Maintenant après le repas j’entends ces deux jeunes femmes bavarder dans la chambre. Elles parlent de tout, posément, elles rient. Toutes  les deux sont mariées à des Français.

    Je les entends se raconter avec entrain leurs vies, se raconter leur histoire d’amour, leurs familles,  et je ne peux m’empêcher de superposer cette rencontre  aux images de la guerre. 

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  • S2. Jour 11. Respect.

    Livinhac-Figeac 24,5 km. Cumul : 263 km.

    « Tous les matins nous prenons le chemin, /Tous les matins nous allons plus loin. /Jour après jour, St Jacques nous appelle,/C’est la voix de Compostelle./ Ultreïa ! Ultreïa ! /E suseia Deus adjuva nos ! »

    C’est le premier couplet et refrain du Chant des Pèlerins de Compostelle, popularisé par Jean-Claude Benazet en 1989 sur cette voie Podiensis (voir du Puy) que je parcours depuis 11 jours maintenant. Le terme « Ultreia «  que j’ai déjà plusieurs fois utilisé dans ces chroniques, est un terme attribué aux pèlerins du Moyen-Age et signifiant « en avant, plus loin, dans la joie ». On le complète souvent par « suseia » pour dire « plus haut, au-dessus ». On retrouve bien sûr dans ces deux termes l’association de l’horizontalité (la marche) et de la verticalité (la spiritualité). Tout cela avec l’aide de Dieu : « Deus adjuva nos ».

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