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Jour 67. Beau et bon.

Vega de Valcarce - Fonfria 24 km. Cumul : 1473 km.

Fabienne la pèlerine franco-Suisse m’a donc surnommé Monsieur Yoyo. Mais ce n’est pas moi ! C’est le Camino qui joue au yoyo ! Ainsi après les affres d’hier et l’étape écourtée, aujourd’hui fut une très bonne et belle journée. Le but approche et j’ai à la fois hâte d’y arriver et envie de faire durer encore cette incroyable aventure. Je pense (moi qui ai toujours le mal de mer) aux marins qui reviennent d’un tour du monde en solitaire et qui se dirigent  très doucement vers le port, un peu inquiets et pas pressés peut-être de remettre pied à terre, songeant à tout ce qu’ils ont vécu, nostalgiques avant même d’avoir retrouvé le foyer. Le record du monde du tour du monde en bateau en solitaire est de 42 jours. Si tout va bien je serai parti presque 80 jours…

Bénis soient les patchs anti-inflammatoires (pardon mon Dieu de vous associer à une considération si terre à terre)! J’ai pu marcher (presque) normalement et profiter de la longue montée vers O Cebreiro, un des points hauts (1330 m) du Camino Frances qui marque aussi officiellement le passage en Galice même si les paysages avaient déjà changé depuis quelques jours. Puis-je encore une fois dire que cela ressemble à ma Lozère (cela signifie ´que c’est très beau) ?  Ce type de chemins de terre et de pierres m’a fait du bien aux pieds et à la tête. Les panoramas sont superbes en belles courbes aimables. De grandes surfaces de genêts, des champs de marguerites, une nature très verte, florissante, en fête. Beaucoup de douceur pour les yeux.

A O Cebreiro, tout petit hameau, on célèbre le père Elias. Mais oui, rappelez-vous (voir jour 41), l’inventeur des « flèches jaunes » qui ont permis la renaissance du Camino.

Je suis resté longtemps dans la petite église romane à regarder les bougies au pied de l’autel, le beau Christ en Croix et la lumière blanche qui entrait par les étroites fenêtres dans le mur courbe du fond. Aucune grandiloquence. La simplicité sans dorure. J’ai passé du temps à penser aux gens qui me sont proches, et aux autres aussi.

Je n’avais pas envie de repartir. Je cherchais une prière, j’ai trouvé celle du Pèlerin affichée sur un pilier. J’ai hésité à remercier Dieu de m’avoir aidé à grimper les 1000m de dénivelé malgré mon tibia douloureux. Après tout, qui a mis hier une pharmacie sur mon chemin juste quand j’en ai eu besoin ?

Ce matin à ma pause café j’ai transmis à un pèlerin fracassé de sciatique les Ibuprofene que l’anglaise m’avait donnés hier. La solidarité  et la fraternité sur le Camino dépendent souvent de la pharmacie de chacun. La charité s’exprime ici en Compeed, en Voltarene, en Dafalgan.

J’ai encore repoussé ma date d’arrivée puisque je n’irai pas à Fisterra. Il est assez apaisant de savoir que mes prochaines étapes ne seront jamais plus longues que celle d’aujourd’hui. Je veux finir en pente douce, prendre le temps de me préparer au choc du retour. Comme ce marin qui revient au port, après un long voyage, heureux de revenir, pas pressé de rentrer.

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Je me retourne

Distance de courtoisie

Le pet du pèlerin

Commentaires

  • 80 jours : Un camino de Jules Verne !!!!!

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