Cocurbion-Cabo de Fisterra 17 km. Cumul : 1204 km.
« Le vrai chemin commence à la fin ». Le café-restaurant musical à l’entrée de Fisterra city affiche (en anglais et en mosaïque céramique) un précepte courant du Camino.
On pourrait le dire n’importe où, et notamment à Santiago, mais si l’on prolonge l’expérience jusqu’à l’Océan, vers l’une ou l’autre des pointes extrêmes à l’ouest, la maxime prend un sens encore plus fort par l’analogie symbolique que lui propose cette « fin de terre » qui ouvre sur un horizon maritime, vaste ouverture qui semble illimitée après les limites imposées des chemins…
Je ne regrette donc pas d’avoir cette année découvert ces caps et ces phares qui donnent au Chemin un prolongement autant philosophique que géographique.
Je suis comblé d’avoir pu aujourd’hui parcourir à pied le dernier tronçon qui mène à Cabo Fisterra après être parti de Cocurbion. Une partie d’étape très agréable qui traverse encore des forêts d’eucalyptus et contourne quelques plages de sable fin qui couronnent de larges criques que l’on pourrait croire bretonnes.
Sur l’une d’entre elles j’ai tracé un haïku de sable et ramassé une coquille Saint-Jacques comme le faisaient peut-être les pèlerins d’antan avant d’entreprendre (quelle folie !) le voyage retour.
Arrivé au cap et phare de Fisterra j’ai accompli tous les rites du lieu, au milieu de beaucoup de touristes et de quelques pèlerins.
Photo face à la mer sur un rocher surplombant le vide, photo à la borne « kilomètre 0 », dernier tampon pour ma credenciale, autre photo près de la « chaussure en bronze ».
J’ai même pu déposer au pied d’une croix face à la mer mon vieux « Buff » ( tour de cou) en mérinos. Je l’avais acheté à…Ushuia ! Cet accessoire précieux depuis des années était bouffé par les mites. Il n’était plus très présentable mais m’a rendu encore de sacrés services cette année (étape des Hospitalets !). Il aura bien vécu, d’une fin de terre à une autre. Je l’ai déposé parmi des pierres écrites, des photos, une chaussure et divers petits objets, toutes sortes d’offrandes sous une croix chrétienne.
Et puis il fallait que la fin finisse pour que, comme le dit le précepte, « le vrai chemin commence ». J’ai essayé de m’extraire du Camino pendant le pique-nique venté au pied du phare. J’ai évité de penser à l’année prochaine. Mais mes compagnons de marche de ce jour m’ont eux-mêmes relancé : et maintenant ?
Y aura-t-il une saison 3 du Camino ? Si je ne devais pas demander l’avis de Mister P., ma réponse serait déjà catégorique : oui.
Je m’étonne de cette certitude quand je repense aux moments difficiles, aux temps de doute et de mal-être. Mais c’est ainsi. On en veut encore.
On est au bout pourtant, et on est parfois à bout. Mais il y a longtemps que j’ai choisi ma devise : « Quand tu arrives au bout du chemin, marche encore ». Devant l’Océan sans limites, j’interroge mon avenir. Je ne marcherai pas sur l’eau, je ne continuerai pas en bateau. Je ne suis ni saint ni marin. Il me faudra accepter les marées basses, saisir le temps des marées hautes. Et oser me confronter aux questions douloureuses. Celle-là par exemple : si je ne marche plus, comment continuer ? Peut-être comme ce vieux hippy grisonnant qui, à Fisterra ville, sans se lever de sa chaise m’a tendu une carte dessinée « peace and love », à moi qui en ai fait une signature apposée partout durant ce Camino ! Était-ce le dernier « signe » que je devais recevoir ? Ou était-ce le premier ?
Oui, c’est bien maintenant que le vrai Chemin commence…
…………..
Pas de fin
Une infinité
D’horizons
…………..
Ce Jour 57 clôture donc l’aventure de ce Camino « Saison 2 » et la publication de la chronique quotidienne sur ce Blog.
Comme l’an dernier je remercie toutes celles et tous ceux qui ont pris un peu de temps pour manifester leur présence de lecteur-lectrice par de petits messages sur ce blog ou simplement un « like » sur Facebook.
N’hésitez pas à le faire encore maintenant. C’est une évidente source d’énergie pour moi et pour.., Mister P.
Comme l’an dernier également j’écrirai peut-être des chroniques « Les jours d’après ». Je ne sais pas quand. Je ne promets rien. Mon écriture aussi a besoin de se reposer…
Revenez voir de temps en temps sur ce blog et parlez -en autour de vous.
Amicalement.
Ultreia !
Ive
Commentaires
C’est la fin pour nous aussi ! C’est comme un rituel quotidien de te lire. On attend les nouvelles ; comment va t’il ? Il en est où ?
Et après ?
Encore bravo Yves !!!!!
Moi je pense que tu feras encore des pieds de nez à mister P.
A vite bises
Bel été ,maintenant que tu as fini cette belle aventure mais que tu vas encore savourer longtemps dans ta tête et dans les partages avec les proches ! Bravo à tous les deux Mister P et toi . Françoise A
Salut Ive, nous avons découvert ton blog aux premiers jours de ce camino 2, grace à notre copine Rosy, et nous t'avons suivi presque jour après jour. Nous nous sommes régalés de ton récit, et des anecdotes quotidiennes. "Peu importe qu'on n'est pas pris le transsibérien puisque tu nous l'as fait prendre".
Merci merci encore, pour ces beaux partages, et également ta chouette écriture :)
PS: on se lance dans la lecture du camino 1 :)
J’ai suivi avec interet tous les jours cette aventure aussi banale qu’extraordinaire…Bravo Yves!!!!
Bouhhhh c'est la fin pour nous aussi ! C'était si bien de te lire et te suivre ainsi ! Une page se tourne, mais tu vas vite trouver comment remplir la nouvelle page blanche. A bientôt et bravo encore !
Encore bravo pour tout ce que tu as vécu, et que tu nous as fait vivre par tes récits ! nous attendons ta visite dans la Roya ! A bientôt. Bises à vous 2.
Renée et André D.
Encore et encore bravo !
Félicitations d’être arrivé au bout du bout.
Ce que tu as fait est vraiment une leçon pour nous tous.
Tes écrits vont nous manquer, nous avons hâte de te retrouver en octobre à l’UTL.
Repose toi bien auprès des tiens, bonnes vacances Yves à bientôt