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Jour 61. Le cri.

Mansilla de Las Mulas - Leòn 19km. Cumul : 1354 km.

« Buen camino ! Are you ok ? ». Je devais avoir une sale tête pour qu’elle me demande ça au moment où elle me dépassait d’un pas rapide sur une large avenue en entrant dans Leòn. Je venais de prendre en photo une très belle oeuvre murale qui évidemment m’avait fait penser au fameux tableau de Munch. Coréenne ? Chinoise ? Elle portait un sac super light, des mitaines, un large chapeau, plus un parapluie pare-soleil. En mode touriste asiatique en Europe mais elle suivait soigneusement les flèches jaunes sur le trottoir. Je l’ai quittée pour chercher mon hôtel dans le « barrio humedo ».

J’ai eu très mal au talon droit.

Au bout de quelques kilomètres seulement. Dans une étape courte et facile (19km) et alors que hier tout allait bien. Pourquoi là ? Pourquoi maintenant ? Un graffiti vu il y a quelques jours disait que le Camino est comme la vie : après chaque virage on ne sait jamais ce qui nous attend. Tu l’as dit bouffi. Je suis dans ma chambre d’hôtel et me voici à nouveau démuni et en plein doutes alors qu’hier je m’exclamais « Ultreïa ! ». P….. de Camino !

Même Bach, même la Gymnopédie No 1 » d’Erik Satie « n’ont pas suffi à réduire la douleur. Pas plus que mes exercices de respiration et d’auto-persuasion. Bernard me disait : la pensée agit. Je veux bien le croire. J’ai pas dû penser assez fort.

Pourquoi après plus de 1300 km ? Pour me punir de m’être vanté de cette distance parcourue ? Parce que j’ai oublié depuis quelques jours de dire mes prières ? Pourtant non, hier encore, dans la petite église de Mansilla, j’ai récité mes classiques. Parce que je suis trop critique, trop dans le jugement, pas assez dans la bienveillance et le lâcher-prise  ? Ou tout simplement parce que mon corps  qui accepte depuis 60 jours de gérer cette douleur ne le veut plus ?

Dans l’immédiat ce soir c’est plat de pâtes (deux pattes ?) ou pizza. Mon meilleur anti-dépresseur ( même si elles sont espagnoles et pas italiennes hélas).

Et demain bus jusqu’à Astorga. J’avais prévu de m’extraire de la ville et de faire une étape courte. Disons que je vais oublier de descendre du bus. Après tout Mister P. (1) a bien le droit à un peu d’égard non ? Parce que franchement il est pas pénible, alors qu’il en aurait des choses à dire. Par exemple quand il sent son pied gauche s’engourdir, ou qu’il a du mal avec une fermeture éclair ou les pièces au fond de son porte-monnaie. Alors, « merde ! ». C’est pas « ultreïa «  mais c’est une exclamation aussi. Ce n’est pas un cri de paix mais ce soir c’est le cri de Mister P.

(1) voir jour 23.

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Aujourd’hui

Pas même un haïku

C’est mauvais signe

 

Commentaires

  • Pas grave si tu oublies de descendre du bus. Tu auras plus de temps pour prier dans la cathédrale d'Astorga et pour visiter le musée du chocolat....avec dégustation peut être !

  • Mince , désolée pour toi ; 1357 km à pieds c’est plus que la longueur de la France, ou qu’un Marseille / Bruxelles: Tu peux bien prendre le bus !!!!! Profite des pauses . Bises

  • Mince , désolée pour toi ; 1357 km à pieds c’est plus que la longueur de la France, ou qu’un Marseille / Bruxelles: Tu peux bien prendre le bus !!!!! Profite des pauses . Bises

  • Laisse parler ton cœur ton corps, aucune règle. Tu peux finir de plusieurs façon sans souffrir. Tu as pleinement accompli ton projet au-delà des objectifs. Souvent le cri est silencieux voir Munch.
    Biz
    JLG

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