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Jour 55. La collection de moments.

Hontanas - Castrojeriz 10 km. Cumul : 1210 km.

C’est une étape exceptionnellement courte, à cause d’une planification complexe des hébergements et parce que Castrojeriz est un village réputé. Je pars à 7h30 et tout le monde ou presque a déjà quitté le dortoir. Je prends mon temps. Ça tombe bien puisque le chemin est bordé de magnifiques champs de coquelicots. J’écoute enfin de la musique. Le piano de Sofiane Pamart me met les larmes aux yeux. L’art exhalte nos émotions. Je m’arrête et regarde ce paysage vert et rouge, les vagues que le vent trace dans les champs de blé. Je retrouve enfin un moment de grâce, un instant d’extase tranquille. Ça y est, j’y suis arrivé, sur ce foutu « Frances ».

 

Dans les ruines du couvent de San Anton je m’arrête pour boire un café en donativo. Ces pans de murs brisés, ces quelques fenêtres gothiques où passent les nuages, cet autel de pierre à ciel ouvert, ces quelques ogives restées debout, ce Christ crucifié, œuvre d’artiste, sans croix, en ferraille, en plein air, tout cela me parle, et ce n’est pas seulement de l’esthétique romantique.

Juste à côté, un petit « sentier de contemplation » est balisé de citations inscrites sur bois ou pierre ou tuile… Ça c’est « mon » Chemin ! J’y découvre aussi, posé par terre, un panier avec des petits cœurs en tissu, offerts par un couple dont on voit la photo, toujours en donativo. J’en prends quatre…

A ce moment je remercie ce Camino Frances où tant de choses peuvent paradoxalement nous empêcher de nous poser, de nous recentrer, de vivre l’instant.

J’arrive à Castrojeriz. Le vent a forci et me refroidit  malgré le soleil. Beau village, « typique castillan ». Plusieurs églises. Dans la première je rachète un credencial. Je me cale dans un café sympa en attendant l’ouverture de l’auberge.

Une fois installé je saucissonne dans le jardin.

En début d’après-midi je retrouve comme prévu Frederic et Martine.dans une autre auberge. Ils me disent qu’ils vont peut-être bifurquer vers le Norte ou le Primitivo. Nouveau coup au moral. Même eux, pourtant si placides, sont donc touchés par le problème de la fréquentation du Frances ! Ils ne veulent plus avoir à chercher un hébergement. Me revoici confronté au même dilemme qu’il y a une dizaine de jours. Mais cette fois-ci je n’hésite pas longtemps. Je reste fixé sur ma promesse initiale, celle des « petits papiers »(voir Jour 45).

Il s’agira (suffira ?) d’être capable de trouver les conditions de « moments » comme celui de ce matin, de ceux que l’on collectionne, que l’on garde toute notre vie et constituent notre trésor intérieur. A moi d’en être capable. Le Chemin ne donne que ce qu’il peut donner. A nous de faire notre part.

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Les pèlerins me dépassent

Je garde le même pas

Je progresse

 

 

 

 

Commentaires

  • Bravo encore une fois !!!!! Reste sur ta voie , celle qui assure !!!!

  • Bonne fête Yves, et bonne continuation ! bises.

  • j'adore ce que tu écris ...le peu de km que j'ai faits pour le moment sur le Chemin me renvoient le même type d'émotions que celles que tes mots ont gravées aujourd'hui

  • Tu es où ?

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