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Jour 53. Le lépreux de Burgos.

Burgos 0 km. Cumul : 1179 km.

De toutes les sculptures et représentations de pèlerins, celle-ci devient d’emblée ma préférée. Je la découvre sur le parvis de la Cathédrale de Burgos. Le pèlerin de bronze est nu, son corps est travaillé comme s’il était tronc d’arbre, recouvert de mousses, de petites excroissances, tailladé, marqué, troué. On voit dans son dos effleurer sa colonne vertébrale. Tout sauf un corps lisse. Un corps qui a marché, qui a affronté les éléments, dont on ressent les luttes qu’il a livrées. Et une tête superbe, christique et moderne à la fois. Il n’a plus rien, sauf une coquille accrochée en collier, et un bâton de pèlerin qu’il tient fermement appuyé sur le sol.

Il est nu, il est roi. Il est homme, il est dieu. Il est l’humain, il est la nature.

 

L’intérieur de la cathédrale n’incite pas au recueillement et ce n’est pas seulement à cause des touristes. Je retrouve, en version XL, les dorures, les personnages innombrables d’une saga biblique ressassée ad nauseam, avec une constante démesure et une théâtralité grossière, tous ces saints et saintes, ces anges qui font la fiesta, ces trucidations, ces tombeaux, ces portraits de cardinaux, ces emblèmes du pouvoir religieux qui était aussi un pouvoir politique…Tout cela finit très vite par m’exaspérer. Il y manque même la perspective, la perception de la hauteur, contrairement à certaines cathédrales en France, qui donneraient un sentiment d’élévation, une symbolique spirituelle. Ici on va de chapelle en chapelle, de salle en salle, toutes ont des portes. La nef est étriquée, entre des grilles. C’est une maison close.

J’en suis ressorti sans avoir dit une prière. Je suis retourné m’asseoir à côté du pèlerin de bronze. C’est ma place. Et c’est probablement là que Jésus viendrait se reposer de sa longue marche jusqu’à Burgos.

Et d’ailleurs voilà Mark (en soutane bien sûr, voir Jour 50) et son accompagnatrice qui passent. Je les appelle. Embrassades. Ils repartent. Ils vont toujours très vite.

Et puis Frédéric et Martine arrivent â leur tour. Martine m’apprend que la statue représente en fait un pèlerin lépreux… Ma vision était-elle donc fausse, déformée par un regard artistique ? Non, je confirme. A plus forte raison, Jésus viendrait s’asseoir à côté de lui. Moi, en revanche, je n’en aurais pas le courage. J’ai encore beaucoup de chemin à faire.

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Devant cet or sur l’autel

Je ne trouve pas

Les mots pour prier

 

 

Commentaires

  • Suis avec admiration et quelque inquiétude votre marche vers ce qui au fond de vous fera sens.
    Mais croyez en les doutes de la croyante invétérée que je suis:
    "Demandez (LUI ) et il vous sera donné "
    Bonne journée....encore une A bientôt

  • Très beau texte ! Décidément tu n’es vraiment pas espagnol :-)))))

  • Très beau texte ! Décidément tu n’es vraiment pas espagnol :-)))))

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