O Cadavo-Lugo 30,5 km. Cumul : 1070,5 km.
Quelle belle étape ! Pas de pluie, presque pas de boue, et pratiquement pas de bitume. Comme pour démentir ma chronique d’hier (voir jour 49) les chemins étaient comme ceux qu’on dessine. Larges, doux sous la semelle, bordés de murs en pierres et de fleurs, traversant de belles forêts, des champs où paissent de paisibles animaux, sans pentes trop abruptes, sans cheminement difficile. J’ai pu me tenir pour une fois à mon plan de marche : mode éco, vitesse modérée constante, pas d’accélérations. Arrêts aux km 8 (café) et km 17 ( pomme achetée en donativo à une « halte pèlerin »). Après je suis resté avec Patrick et Alain jusqu’à Lugo où les derniers km pour monter vers les remparts de la ville médiévale m’ont plus fatigué que le reste de la journée.
Bien content d’avoir su boucler en version économie d’énergie cette dernière longue étape.
On est en Galice, nous sommes descendus des montagnes des Asturies. On a traversé des villages où l’on découvre la survivance d’un certain type d’agriculture en petites exploitations. Dans les villages, des maisons abandonnées. Le monde change. Les pèlerins sont toujours là.
Mais eux aussi bien sûr ils ont changé. Et peut-être encore plus sur ces « chemins du Nord »(de l’Espagne) où les dimensions religieuses et spirituelles sont nettement moins présentes que sur le Camino Frances. Je peux dire d’ores et déjà que ce Camino Primitivo me laissera bien sûr des souvenirs incroyables (et notamment l’étape des Hospitalets) mais je sais aussi qu’il m’aura beaucoup moins stimulé intellectuellement et spirituellement que le Camino de l’an passé. Qu’on le veuille ou non, et malgré tous les défauts qu’on lui trouve, je pense que le Camino Frances est vraiment le chemin prioritaire si l’on veut faire un « pèlerinage » et même si l’on donne un sens évidemment parfois très personnel à ce mot devenu très généraliste. Les chemins du Nord s’apparentent davantage à de longues randonnées.
Quant aux deux chemins français (Voie d’Arles l’an passé, Voie du Puy cette année) je les garde tous les deux dans mon cœur pour tous les moments magnifiques, y compris mystiques, qu’ils m’ont offert, et toutes les belles personnes que j’y ai rencontrées…
Je fais déjà un bilan. Curieux. Il me reste pourtant exactement 100 km pour arriver à Compostelle. Ce n’est pas fini ! Et comme je l’ai annoncé à mes amis Beatles, la folie ne fait que commencer. Je vais célébrer chaque pas qui me mène jusqu’au but.
Ce soir, avant de retrouver mes compagnons au restau je suis passé à la cathédrale . A Lugo comme partout en Espagne , c’est une débauche de statuaires hyper réalistes ou ultra kitsch, de représentations délirantes comme ce christ portant sa croix en icône pop gravure de mode, purple Prince mannequin hippy chic auréolé d’or. Mieux vaut en rire. Une chose est sûre. Si je me prétends pèlerin ce n’est pas vers ce dandy ridicule que je marche.
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Trop heureux de marcher
J’ai égaré en chemin
Mon haïku
Commentaires
Le dandy te laisse bouche bée ! Pas de haïku du jour ! En tout cas à te lire on sent que tu es bien. Plus que 100 il! C’est dingue comme ça défile ! Décidément l’escargot va vite ! Bises
Mais si !! Il y a un haïku sur l’absence de haïku !
Retourne voir…