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Jour 51. Cœur brisé.

Belorado - Atapuerca 31 km. Cumul : 1159 km.

Elle s’appelle Tafra. Elle a 5 ans. Hier je l’avais vue attendre sagement devant un petit café, attachée à un sac à dos.

Aujourd’hui j’ai longuement discuté avec son maître à la table d’un autre café, ma première pause matinale. David est allemand. Il ne vient pas d’Aix La Chapelle (voir épisodes précédents) mais d’une petite ville de Bavière. Il a la moitié de mon âge. Il est beau. Et il a le cœur brisé…

 

 

C’est une rupture amoureuse qui l’a amené sur le Camino. Et chaque jour il fait ses 25-30 km. Comme presque tout le monde il est parti de Saint-Jean-Pied-de-Port. Avec sa petite chienne qui, dit-il, « Hates the rain », mais qui a son gilet (jaune) imperméable ( il me montre la photo).

On me l’avait dit, j’étais prévenu. Oui, ce sont bien les rencontres, même très éphémères, qui sont le sel de ce Camino. David, avant de repartir, je lui ai mis la main sur l’épaule et je lui ai dit : « Your heart is broken but your heart beats ». Voilà que je me prends pour un grand sage maintenant ! Il m’a serré dans ses bras.

L’après-midi, des kilomètres de piste douce en forêt ont rendu l’étape moins monotone. J’ai pris un bon rythme de croisière.

Comme prévu j’ai retrouvé Bernard à l’étape, à Atapuelca. Nous partageons une chambre deux places.

Il m’annonce qu’il va s’arrêter demain, à Burgos. Il en a marre. Marre de ce Camino Frances trop fréquenté, marre de l’inconfort, marre des kilomètres, marre d’avoir mal. Il est parti depuis 20 jours… et moi depuis 50.

Ça me met un coup au moral. Tous les deux on se soutenait, on disait des bêtises, on avait appris à se connaître. On pouvait partager un logement, se retrouver pour se raconter nos petites aventures.

Ça va être difficile de ne pas se laisser aller à cette lassitude, surtout que le plus dur reste peut-être à venir.

En attendant, David a planté ce soir sa tente près du gîte. Il y a déjà une groupie  qui caresse sa petite chienne. Un cœur brisé est aussi un cœur à prendre. Je ne m’inquiète pas pour lui. Je m’inquiète davantage pour Mister P. (voir jour 23) qui n’a pas le cœur brisé mais qui a la main qui tremble, et le mental d’un marathonien qui arrive au 30eme kilomètre, c’est à dire devant « le mur »…

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Son regard est si doux

Cette petite chienne

Qui fait son Camino 

 

Commentaires

  • Courage Yves ! Tellement admirative de ta prouesse dans ce défi que tu réalises! C'en est inspirant grâce aussi au lien que tu maintiens par tes écrits partagés au quotidien. 'Addict' quoique peu prolixe, je ne loupe pas ce rdv journalier pour te lire.
    Prends bien soin de toi, le chemin te porte!
    Ultreia !

  • Courage !!!! Tu as déjà franchi une montagne

  • respect ...et oui les rencintres sont le sel du Camino ...je viens d'en faire l'expérience sur la petite portion que he viens de commencer

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