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  • Jour 37. Mi-temps.

    Sarrance.  0 km. Cumul : 769 km.

    Je suis exactement à la moitié de mon périple (en nombre de jours) si je respecte mon tableau de marche jusqu’à Santiago. Je n’inclus pas Fisterra (3 jours de plus minimum). J’ai décidé de rester à Sarrance aujourd’hui. La décision n’a pas été facile à prendre. Je rajoute un jour à mon planning. Mais il pleut sans discontinuer et j’ai eu mal aux talons pendant la (mauvaise) nuit. J’attends Bernard, un très volubile « guérisseur magnétiseur » rencontré brièvement et d’une manière tout à fait inattendue à Morlaas la veille de son départ sur le Camino, alors que j’attendais mon ami Ben assis sur un banc contre le mur de l’église. Les hasards du Chemin sont décidément très troublants. Il marche un jour derrière moi. Autant l’attendre ici. S’il peut quelque chose pour moi, au moins je le saurai dès maintenant.  Fera-t-il le miracle attendu ? Ai-je tort de l’espérer ? 

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  • Jour 36. La prière de Mirko.

    Oloron Sainte-Marie - Sarrance 21 km. Cumul : 769 km.

    Dans les derniers kilomètres de l’étape du jour, le chemin longe le Gave d’Aspe. La végétation de fougères, mousses, et arbres aux branches enlacées comme des lianes fait  songer à une forêt tropicale. Très étroit, le sentier surplombe la rivière et il faut vraiment faire attention au sol glissant en ce jour encore très pluvieux. J’y ai retrouvé la sensation de la marche en montagne, et c’était très agréable de voir mon corps reprendre immédiatement ses habitudes.

    Un peu comme si je me retrouvais chez moi. J’étais comme un jeune animal dont on lâche la bride. Mais la bride est là tout de même, hélas, et mes talons restent mon talon d’Achille. Que faire ? Une prière ?

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  • Jour 35. La voie de l’ours.

    Lacommande - Oloron Sainte-Marie 18 km. Cumul : 748 km.

    Passons d’abord rapidement sur une anecdote. J’ai échappé ce matin aux griffes puissantes et non manucurées d’un gros ours pas nounours du tout. C’était dans la forêt avant Oloron Sainte-Marie, mon étape du jour.

    Ce qui m’a sauvé ? Le présence à mes côtés de mon compagnon pèlerin Dorian, plus grand, plus jeune, plus tendre. Une bien meilleure proie que ma vieille carne et mon squelette usé.

    Ironie du sort, ce charmant jeune homme, originaire des Bouches du Rhône, adorait manger : il a fini dévoré par un ours des Pyrénées. Exit Dorian. RIP. Mais après tout, un pèlerin de perdu, dix de retrouvés, comme dirait Saint-Jacques.

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  • Jour 34. Le rêve de l’escargot.

    Jurançon - Lesclar - Lacommande 24 km. Cumul : 730 km.

    Probablement galvanisés par les pluies des jours précédents et émoustillés par le soleil revenu, les escargots fonçaient aujourd’hui toutes cornes dehors, prenant leur pied sur toutes les surfaces, herbe, béton, bitume, et ne craignant rien ni personne pas même le pied du pèlerin guilleret longeant les rives du Gave entre Jurançon et Lescar, deux communes limitrophes de la ville de Pau, capitale du Béarn.

    J’ai souvent rêvé d’être un escargot. Et je crois que ce rêve là aussi je le concrétise d’une certaine manière sur ce Chemin de Compostelle.

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  • Jour 33. « Le tueur de Compostelle ».

    Anoye-Morlaas 15 km. Cumul : 706 km.

    « Macabre découverte ce matin dans la cour d’une ferme sur la commune de Morlaas (64). Une dizaine de cadavres ont été retrouvés, ainsi que dix sacs à dos, dans un véhicule Renault Master immatriculé dans les Pyrénées Atlantiques. Tous étaient des pèlerins ou pèlerines en marche vers Compostelle… C’est un autre pèlerin, venu d’Aix-en-Provence, qui a alerté  la police, après avoir essuyé plusieurs coups de feu en passant devant la propriété de l’agriculteur. Miraculeusement indemne, le pèlerin de 64 ans a fini son étape du jour en courant jusqu’à Morlaas et le commissariat local.

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  • Jour 32. La chute.

    Maubourguet - Anoye 24 km. Cumul : 691 km.

    Le poète m’avait pourtant prévenu deux jours avant : «  Attention pèlerin/ Assure ton pas/ Le terrain est boueux ». Le haïku n’a pas suffi. La sandale a dérapé, le pèlerin a glissé. Et dans sa chute a cassé son petit parapluie qu il tenait idiotement à demi replié dans une main en même temps qu’un baton (Jojo ou Jaja, je ne peux pas savoir). Il faut dire aussi qu il n’était pas facile de rester debout sur cette terre glissante, gluante, en pente, en devers. Toute la journée ce ne furent que pièges ainsi tendus sous les semelles du pèlerin pourtant prudent. Première journée totale de pluie. Disons le clairement : c’était pas une étape pour les chochottes.

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  • Jour 31. Une journée bien remplie.

    Monlezun - Maubourguet 26 km. Cumul : 667 km.

    De bon matin il est alerte le pas du pèlerin qui sautillerait presque comme un jeune chevreuil. Après 26 km, l’allure n’est plus la même. Le chevreuil bondissant est devenu un pachyderme qui traîne la patte.

    Heureusement que Dominique (gîte Le Pépic) m’a amené ce matin à Monlezun, m’épargnant 6 km de plus qui m’auraient transformé en tortue dépressive à l’arrivée à Maubourguet (beau gîte « Le paradis caché »). Mais la journée, bien sûr, ne se résume pas à la distance parcourue ou à la tenace douleur au talon qui revient au bout de 20km. Il y a tant de choses vécues dans la journée d’un pèlerin sur ce chemin…

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  • Jour 30. Marcher en marge.

    L’Isle de Noé - Saint-Christaud (gîte Le Pépic) 19 km. Cumul : 641 km.

    En définitive je crois que mes sandales ont fini au bon endroit. Je les ai déposées, comme au pied du sapin de Noël, sous un vieux banc en bois dans la grande pièce principale. Étant donné leur environnement  immédiat et l’état des objets voisins je pense qu’elles vont rester là un bon bout de temps et pourront prendre une retraite  sans souci.

    Le contraste est saisissant. Je suis arrivé en début d’après-midi dans un cocon de raffinement décliné en œuvres d’art, beaux objets, et tapis partout. Chaque chose est à sa place, bien choisie. Et jardin idem devant l’immense baie vitrée. Tout est calme et volupté. On ne voudrait plus partir ! Il faudra bien, pourtant. C’est la dure loi du pèlerin errant…

     

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  • Jour 29. L’âme des chaussures.

    Auch - L’Isle de Noé  24 km. Cumul : 622 km.

    Ça y est. Cette fois, c’est fini. Mes premières sandales d’une improbable marque « Fashion »ont imité celles de Charlot dans « La ruée vers l’or ».  Ce matin j’avais décidé de leur donner encore une chance de durer un peu. Évidemment les plus assidus à ce blog et fins observateurs de l’image du Jour 27 avaient remarqué que je ne les avais pas finalement abandonnées à Toulouse malgré l’achat d’une paire neuve (bravo Jean-Luc! Bravo Gisèle !).

    Mais aujourd’hui elles ont dit stop. Leur aurais-je fait faire le voyage jusqu’à Compostelle ? Elles doivent s’arrêter ici.

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  • Jour 28. Quand on arrive en ville.

    Aubiet - Auch 25 km. Cumul : 598 km.

    La journée avait bien commencé. En forme, mon ombre et moi nous avons cheminé tout le matin au milieu des champs, des fermes, des petites routes, dans ce territoire très agricole de la Haute Gascogne. Les fleurs envahissaient les talus, les fossés, les chemins. Le pas était alerte et le talon muet.

    Et puis à partir de Montegut le GR a commencé à se contorsionner pour passer sous une autoroute ou feinter avec diverses obligations urbaines. Je croyais être arrivé mais je n’étais que dans l’une de ces zones intermédiaires qui ne sont plus la campagne et pas encore la ville. Pas la banlieue, pas d’habitations. Une part de territoire où l’on concentre des « activités ».

    J’avais oublié que Auch n’est pas un village.

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  • Jour 27. La pause méridienne.

    Gîte Le Grangé - Aubiet 21 km. Cumul : 573 km.

    Cette « Méridienne », ce n’est pas un tableau de Van Gogh. Juste une photo un peu impudique. On y voit mes pieds nus, en pleine récréation de midi dans un paysage de campagne du Gers. S’il vous plaît : ne zoomez pas sur les gros orteils. Merci.

    C’est un « déjeuner sur l’herbe » mais pas non plus un tableau de Manet.

    A la pause déjeuner, en général après 14 km environ, je me nourris de trois fois rien : un peu de saucisson, du fromage, du chocolat, avec quelques tranches de pain. Là, à l’ombre d’un grand cyprès, j’ai agrémenté mon ordinaire d’un jambon-beurre acheté en chemin.

    J’étais avec Manuel, un jeune pèlerin allemand aux beaux yeux bleu clair parti ce matin du gîte avec moi. Manuel, ça rime avec Raphaël ! Vous vous souvenez ?

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  • Jour 26. Faire étape.

    L’Isle-Jourdain - Giscaro (gîte Le Grangé) 16 km. Cumul : 552 km.

    Sur le Chemin de Compostelle on ne fait pas que marcher. On s’arrête aussi. On fait étape. Étant donné sa longueur, on peut dire que les étapes font le Chemin. Ce sont des moments très importants et qui participent grandement à la réussite de cette très longue randonnée.

    Surtout quand on arrive, par exemple, comme aujourd’hui, dans une maison ancienne (souvent une ferme), bien rénovée, aménagée avec simplicité, décorée avec goût, à l’image de la personnalité des propriétaires.

    En 26 jours j’ai déjà fait étape dans des hébergements très variés. Individuels ou collectifs, privés, associatifs, communaux.

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  • Jour 25. Un cadavre sur la route.

     Pibrac - L’Isle-Jourdain 21 km. Cumul : 536 km.

    Dès la sortie de la gare de Pibrac (à 17 km de Toulouse) j’ai été dans la confusion directionnelle. Hésitant entre le GR 657 habituel, celui qui suit le Camino, et une « variante historique » vantée par le « Miam Miam Dodo « ( la Bible des pèlerins, toujours à portée de main), j’ai perdu le fil. Cette variante est très mal balisée et elle n’apparaît pas sur la carte IGN de l’appli Visorando.

    Bref, j’ai un peu galéré, et décidant finalement de  rejoindre le GR j’ai dû emprunter une portion de route très dangereuse pour le piéton, grande ligne droite bordée de platanes, avec barrières de sécurité, sans bas côtés. Et c’est là,  au bout de quelques centaines de mètres, que j’ai découvert le cadavre.

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  • Jour 24. L’ingratitude du pèlerin.

    Toulouse 0 km. Cumul : 515 km.

    Drôle de destin que celui de ces chaussures type « sandales outdoor » d’une marque improbable,« Fashion », achetées sur un coup de tête et en un clic, jamais mises pendant des années parce que « trop moches », reléguées dans un placard à shoes, oubliées, négligées, et qui ont sauvé finalement un pèlerin de Compostelle en offrant l’hospitalité à ses pieds endoloris pour finir ensuite sacrifiées sur la place du Capitole après avoir mené ce pèlerin de Lodève à Toulouse…

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  • Jour 23. Mister P. se la pète.

    Avignonet-Lauragais - Baziège (gare) 24 km. Cumul : 515 km.

    Une journée le long du Canal du Midi dans une belle lumière printanière, avec Alain et Francis. Beaucoup de vélos, en tous genres, qui nous croisent ou nous dépassent. Exceptionnellement arrêt restau pour déjeuner à une écluse. Je quitte mes compagnons à une autre écluse où se trouve désormais un gîte de Compostelle. Les derniers kilomètres jusqu’à la gare de Baziège sont un peu pénibles. La douleur revient. Le train m’amène à Toulouse où je vais attendre l’aimée. 
    Toulouse : après Lodève le deuxième objectif intermédiaire que je m’étais fixé. J’ai dépassé les 500km. 

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  • Jour 22. La bonne distance.

    Les Cassès - Avignonet-Lauragais 24 km. Cumul : 491 km.

    J’ai marché toute la journée avec Alain et Francis, rencontrés hier soir au joli gîte d’Isabelle « La Passeur’elle ». Le courant est vite passé, comme on dit, entre un Marseillais, un Manceau, et un Lyonnais. Comme quoi tout est possible sur ce chemin. Leur compagnie sympathique et bavarde a permis d’enchaîner les kilomètres pourtant encore un peu uniformes le long de « La Rigole » et encore aussi en partie  sous la pluie ce matin. Après midi un fort vent a chassé la pluie et nous a poussés jusqu’au Canal du Midi avant d’arriver au gîte « La goutille », maison de ferme posée sur un mamelon au milieu des champs. Un charme fou, un vrai coup de cœur.

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  • Jour 21. Un évènement sur le chemin.

    Jour 21. Revel-Cassès 18 km.  Cumul : 467 km.

    Vingt et unième jour… Déjà ! Ou dois-je dire « Seulement » ? En tout cas c’est d’ores et déjà ma plus longue itinérance de marcheur. J’avais parcouru les 20 étapes du GR 2013 en marchant le week-end seulement donc sur plusieurs mois (j’en ai fait un livre : « GR 2013 :un carnet de marche » aux éditions Gaussen). Aucun de mes treks ou tours en France ou à l’étranger n’a duré plus de 15 jours. 

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  • Jour 20. Dancing in the rain.

    Dourgnes (En Calcat)-Revel 19km. Cumul 449 km.

    Aujourd’hui la pluie m’a rattrapé dès le matin. Deux trois averses costaudes mais pas de dégât. J’étais parti en mode mauvais temps : housse protège-sac, veste Goretex, bâtons rangés, documents dans plastique. J’étais prêt. Je suis très content de mon organisation matérielle  qui, en 20 jours, a déjà eu le temps de faire ses preuves. Le contenu et le rangement de mon sac à dos ont évolué bien sûr avec l’expérience pratique quotidienne. Je vous en reparlerai plus tard.

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  • Jour 19. Pare la pluie, pèlerin !

    Castres-Dourgnes (En Calcat) 24 km. Cumul : 430 km.

    J’ai laissé un souvenir à Madeleine : la radiographie de mon pied droit. Cadeau original. Hier je lui avais offert un œuf en chocolat qu’elle a reçu comme une enfant. Je pars avec un pique-nique largement au-dessus de mes standards habituels. Nos adieux furent émouvants. C’est normal  : on se connaît depuis moins d’un jour !

    La voie d’Arles est aussi désormais la Via Tolosana. Cap sur la ville rose ! La grande nouvelle de cette étape c’est mon premier combat avec la pluie.

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  • Jour 18. Ceux qui ne peuvent pas.

    Noailhac-Castres 3 km. Cumul : 406 km. 

    Non, je ne me suis pas trompé. 3km, de la clinique du Sidobre à la maison de l’adorable Madeleine, mon hébergeuse à Castres.

    Hier soir j’étais dans un gîte d’étape au nom le plus improbable qui soit : « La truie qui file ». J’y ai été accueilli dans une ferme à l’ambiance très locale. Un touriste aurait dit « très authentique ». Je n’étais pas dépaysé. Ici encore tout cela ressemble à la Lozère, terre de mes racines.

    Ce matin depuis le gîte on m’a amené en voiture aux urgences de la clinique.

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