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  • S2. Jour 49. Chemin ou route ?

    A Fonsagrada-O Cadavo 30km. Cumul : 1040km.

    Les Beatles se sont séparés ! Non, je ne vous replonge pas en avril 1970. Il ne s’agit pas non plus de vous annoncer la dissolution du quatuor « Beatles du Primitivo » mais de constater qu’aujourd’hui ils ont fait des choix variés. Patrick qui a beaucoup donné hier et redoute une périostite  a préféré sauter l’étape en taxi, craignant aussi la pluie. Alain est resté avec lui en pote exemplaire qu’il est. Emmanuel a pris aussi le taxi mais a marché les 12 derniers km. Moi j’ai décidé de partir encore à pied par la route (ce qui a rallongé l’étape) mais en laissant mon sac aux autres Beatles. Première expérience de marche sans sac en 120 jours (cumulés) de Camino ! Et bien je peux confirmer ce dont je me doutais : ça n’a rien à voir. Même avec un sac plutôt léger (8-9 kilos) comme le mien. Cela dit, même sans sac, 30km reste une distance limite à mon sens. Aujourd’hui ce furent 17km sur bitume puis 13 sur le Chemin, encore une fois sur des sentiers pleins d’eau et de boue où mes semelles désormais ultra usées commencent à me transformer parfois en patineur. Mais pour l’instant j’ai évité la chute, c’est l’essentiel.

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  • S2. Jour 48. Gracias Félix !

    Grandas de Salimes-A Fonsagrada 27 km. Cumul :1010 km.

    Il n’y a pas eu de photo au km1000 (depuis Le Puy). Pas question de sortir mon téléphone protégé par un sac en plastique dans la poche de ma veste Goretex. Car aujourd’hui il ne s’agissait plus de la pluie fine et intermittente des jours précédents mais bien d’un arrosage constant de force 7/8 sur une échelle de 10. Plus moyen de goûter comme hier l’ondée romantique. L’urgence était de rendre cette étape supportable.

    Décision fut prise, très  rapidement, de rester sur la route pour relier A Fonsagranda. Cela nous coûtait 2km de plus mais nous évitait les chemins plein d’eau et la marche dans la boue. Il faut parfois se résoudre à ce genre de changement. Résultat sous cette pluie vraiment battante nous avons fait 27 km sur la route et d’une seule traite !

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  • S2. Jour 47. Le présent est un cadeau.

    Berducedo-Grandas de Salimes 20,5 km. Cumul : 983 km.

    « Journée pluvieuse, journée heureuse ». Nouveau dicton mais à usage localisé et durée limitée. Valable uniquement sur le parcours et pour la durée de mon Camino Primitivo. Pas de généralisation trop hâtive. Surtout pour un  sudiste.

    En ce moment je dois l’avouer les journées s’enchaînent comme les perles d’un beau collier. La pluie certes est une accompagnatrice zélée mais elle reste légère dans son approche et n’insiste jamais trop longtemps. La brume est aussi notre amie, qui aime jouer à cacher en partie les paysages. Ou plutôt à les transformer. Car rien ne se perd tout se transforme. La bruine, la brume, le brouillard, inventent de nouvelles vues et de nouvelles sensations pour le marcheur. Ils n’enlèvent rien, ils entrent en scène, c’est tout, et jouent une autre pièce. Voilà pourquoi cela ne change  rien à mon bonheur de pèlerin.

    Je ne suis pas sur le chemin à la recherche d’un beau convenu, répertorié, étiqueté, touristique. Je n’ai rien acheté, et surtout pas un voyage sur catalogue avec paysages de cartes postales. Je prends les choses comme elles sont et comme elles viennent, dans la vérité du moment.

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  • S2. Jour 46. Grand vent.

    Borres -Berducedo 24,5 km. Cumul : 962,5 km.

    C’est l’étape la plus dure du Camino Primitivo. On dit même peut-être la plus dure de tous les Caminos. Pourtant les caractéristiques de « la ruta de los hospitales «  n’ont pas de quoi effrayer un randonneur un peu expérimenté et habitué par exemple aux massifs alpins, pyrénéens, ou même provençaux.

    700 m de dénivelé. 13km de montée. 24km au total. Un passage à un peu plus de 1100m. Rien de bien inquiétant. Pourtant, c’est vrai, le défi ne peut être relevé que par des marcheurs déterminés à s’engager dans un parcours très exigeant par ses pentes, par son terrain, et surtout par ses conditions climatiques, souvent très difficiles.

    Il fallait affronter aujourd’hui, et c’est habituel semble-t-il, la bruine tenace, la brume mouvante, et surtout un vent très fort, de face ou de côté. Des conditions qui donnent à cet itinéraire une ambiance « haute montagne » ou a minima « islandaise ». Il ne faut donc pas prendre à la légère cette partie du Camino, d’autant qu’elle ne propose aucun abri, aucun refuge, aucun point d’eau, aucun café… sur l’ensemble de l’étape.

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  • S2. Jour 45. La voie royale.

    Tineo-Borres 16km. Cumul : 938 km.

    Petite étape de transition avant de se lancer demain, normalement, sur les pentes de « L’hospitalet » et d’atteindre le point culminant du Primitivo. Les Asturies sont de belles moyennes montagnes. On arpente une  campagne très verdoyante dont se dégage une impression paisible. Les bâtisses agricoles manquent un peu de caractère malgré leurs greniers typiques, les fameux « horréos ». Dans le cadre de la grande fenêtre baie vitrée du gîte La Montera c’est un joli tableau que je contemple : damiers de parcelles vertes, haies et bosquets qui structurent la composition, crêtes ondulantes en fond de paysage surlignées par intermittences d’une chevelure d’arbres ou… d’éoliennes.

    Au seul café sur notre route ce matin, j’ai craqué pour un gris-gris à ajouter sur mon sac : un porte-clés « flèche jaune » où est inscrit le fameux « Buon camino », ce gentil encouragement de rigueur sur le Chemin. C’est la tradition. L’autre jour même un tout petit gamin sur un minuscule vélo s’est arrêté à côté de moi pour me lancer l’expression rituelle. C’était mignon.

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  • S2. Jour 44. Le résistant.

    Salas-Tineo 20km. Cumul : 922 km.

    Les Asturies, c’est joli. Mais ça se mérite. Le Camino Primitivo a confirmé ce jour sa réputation. On est loin des plaines de Castille et Leon du Camino Frances. Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend. Et en plus, autre alternance tenace : pluie, soleil, pluie, soleil. Pas facile d’enchaîner ces montagnes qu’on dit « russes ». Pas facile de subir ces changements de temps et de réguler transpiration et protection. La conséquence : une distorsion temps/durée. Bergson le rappelait : le temps est absolu, la durée relative. Cette étape pourtant cataloguée « courte » (20km) nous a paru longue à cause de ce relief et de ce climat. Patrick et Alain sont gentiment venus m’attendre au départ de mon gîte ce matin et on a fait 16km ensemble qui ont confirmé notre amitié caminante. A 4 km du but, comme un cheval sentant l’écurie (en fait je « sens « surtout le bouc en ce moment) j’ai accéléré jusqu’à mon gîte de Tinéo où j’ai pu obtenir un « lit du bas ». En Espagne les lits superposés sont la règle dans les dortoirs (contrairement à la France où c’est l’exception). Il s’instaure alors parfois une stupide « course » aux « low beds » puisque « premiers arrivés-premiers à choisir ».  Je vous ai déjà dit mon aversion pour les « upper beds » mais parfois c’est tout de même très bien (un petit nid perché) dans les gîtes récents comme la Casa Sueno hier soir.

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  • S2. Jour 43. Everest.

    Grado - Salas 23 km. Cumul : 902 km.

    Et bim, encore 23 km presque d’une traite sous un ciel nuageux mais des épisodes d’une pluie très légère. Et encore un paysage tout en nuances de vert, des montées-descentes incessantes. C’est tout de même moins beau que le Pays Basque. Les villages, souvent déserts, ont moins de charme. Moins clinquants, peut-être plus « authentiques ».

    Je suis peut-être incorrigible mais pour marcher ainsi sans un vrai gros arrêt pic-nic j’avais aujourd’hui plusieurs bonnes raisons.

    D’abord ce temps humide qui n’incite pas à poser ses fesses au bord du chemin mais plutôt à se dépêcher pour éviter l’éventuelle grosse averse. Et puis mes nouveaux compagnons de route rencontrés hier soir au repas du soir !

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  • S2. Jour 42. Suivez la flèche.

    Oviedo-Grado 26,5 km. Cumul : 879 km.

    C’est avec une certaine émotion que j’ai retrouvé ce matin, dans les rues d’Oviedo, les fameuses « flèches jaunes » qui balisent en Espagne tous les Chemins vers St Jacques. L’an passé j’en ai raconté l’origine dans ce blog.

    Je n’ai donc pas eu de difficultés pour m’extraire de la ville à partir du centre et de l’inévitable Cathédrale pour me retrouver rapidement dans un paysage de campagne arborée  plutôt sympathiques à traverser, la douceur des sentiers en sous-bois contrastant bien sûr avec quelques longues portions de bitume. Bref, un gentil début d’étape marqué tout de même par un épisode « petit chien hargneux qui sort les crocs te court dessus et s’arrête à 50 cm ». Il m’a obligé à rebrousser chemin ce con de clébart ! Heureusement ce n’était pas la bonne route  ! Pour une fois la flèche manquait. On ne dira jamais assez combien les chiens sont une plaie pour le marcheur.

    Ai-je fait l’erreur de ne pas m’arrêter ( à part deux brefs « gourde&pipi ») jusqu’au km 19 ? Toujours est-il que mes talons ont recommencé à me rappeler qu’ils n’étaient pas totalement guéris…

    J’étais parti tôt, je pouvais arriver tôt, la tentation d’une étape  « d’une seule traite » est parfois insistante et on a du mal à résister.

    Je sais que les randonneurs-neuses ne comprendront pas cette hâte et ce besoin d’aligner les kilomètres. J’en ai même déjà pâti lors du premier Camino. Mais Compostelle n’est pas une randonnée. Ou en tout cas pas une randonnée ordinaire. Et puis je suis parti il y a 42 jours. Même si c’est le 1er jour sur le Primitivo, j’ai l’impression (l’envie ?) que j’aborde  néanmoins ce qu’en termes d’athlétisme on appelle « la dernière ligne droite ». Ce qui est très prématuré : il reste environ 300 km jusqu’à Santiago…

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  • S2. Jour 41. Jour de congé.

    Irun-Oviedo 0km (train). Cumul : 852,5km.

    Il faut que je vous rappelle pourquoi je suis dans un train aujourd’hui pour Oviedo ( en allant d’abord à San Sébastien puis vers Madrid et changement à Segovia, va comprendre!).

    Je vais rejoindre le début « officiel » (disons aussi « traditionnel » ou « convenu ») d’une voie espagnole appelée « Camino Primitivo « .

    Ce Chemin Primitif doit son nom à son ancienneté. Ses origines remontent au 9e siècle, lorsque le roi Alphonse II le Chaste se rendit en pèlerinage d'Oviedo à Saint-Jacques-de-Compostelle pour confirmer la découverte des restes de l'apôtre.

    D’une certaine manière c’est donc par ce chemin que l’histoire (la légende ?) et le pèlerinage de Compostelle ont commencé.

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  • S2. Jour 40. Le vin de l’amitié.

     

    Saint Pée sur Nivelle-Ascain 8km.

    Irun (voiture). Cumul : 852,5 km.

    Ce matin le soleil entrait par la porte ouverte en beaux rayons lumineux dans le grand gîte communal ou j’ai passé la nuit. J’ai dit au revoir à Claudine et Jean-Michel qui s’en vont vers le Camino del Norte.

    Me revoilà seul. Mais vite rattrapé par de formidables amis. Après encore une micro étape (ça fait du bien !)  jusqu’à Ascain, Philippe le Bordelais vient m’attraper pour me mener à Irun et déjeuner ensemble. L’an dernier il avait déjà fait des centaines de km (en voiture !) pour me faire la surprise d’une bonne bouteille ( je répète : c’est un vrai Bordelais) dans un gîte en Espagne, tout ça parce que j’avais pas le moral.

    Cette année on s’est calé ce rendez-vous depuis le début du projet.

    Donc y a du soleil, je me mets en route sans être pressé. J’ai envie de crier mon cri de paix de l’an passé : Wahou, Wahou, Wahou !

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  • S2. Jour 39. Ez deus botas zilotik.

    Espelette-Saint Pée sur Nivelle 12km. Cumul : 844,5

    Je pensais que nous ferions encore cette étape ensemble. Mais plus tôt que prévu Michelle était prête et elle est partie. Sans salamalecs. Elle m’a larguée en quelque sorte. Je sais que ce sont les rudes usages du Camino. On se donne rarement rendez-vous le matin, on ne s’attend pas quand l’un s’arrête, on ne choisit pas forcément les mêmes pauses. On affirme son individualité. Chacun son rythme,  chacun sa vie. C’est parfois un peu déconcertant, même quand on le sait, pour un grand affectif comme moi.

    Je ne comprends pas toujours, même si je suis habitué.

    Évidemment cela n’empêche pas des groupes de se former et parfois de se suivre très longtemps. On ne sait pas trop comment ça arrive. Avec mes compagnons mousquetaires ce fut une évidence amicale tout de suite. Points communs et différences. Parce que c’étaient eux, parce que c’était moi.

    Les autres binômes, trios, quatuors (c’est rarement plus) se forment ainsi aussi. Goethe parlait des « affinités électives » en termes scientifiques, Avec Michelle ça aura duré deux jours.

    Tout à l’heure je vais aller au restau pour un dernier repas avec Claudine et Jean-Michel. Je crois que ça fait 15 jours environ que nous nous connaissons. Je vais me retrouver seul pour la partie espagnole. Ainsi vont les rencontres qui se font et se défont sur ce Chemin propice aux partages sans artifice social, sans masque, sans fard.

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  • S2. Jour 38. En vérité.

    Biddaray-Espelette 22,5 km. Cumul : 832,5 km.

    Michelle était pressée ce matin. Je ne sais pas pourquoi. Un peu stressée. Elle est partie sans m’attendre. Il faut dire que Mr P est un peu long à la détente le matin y compris malgré la routine bien huilée de faire et défaire et refaire le sac. Mais je l’ai vite retrouvée encore en sens inverse affolée de ne pas trouver les balises de l’étape du jour. Moi pour une fois j’avais chargé la trace GPX sur Visorando (les spécialistes comprendront) et à partir de là on a fait comme prévu étape ensemble.

    Sur la route aujourd’hui c’était la sortie générale pour les limaces. Pour elles aussi c’est peut-être un jour férié. Cela dit, franchement, une limace, c’est comme un pèlerin sans sac à dos. Ça n’a pas de sens. Rien à voir avec l’escargot et sa maison sur le dos étalonnée nombre d’or ! Quelle différence !

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  • S2.Jour 37. Les vieux.

    Saint Jean pied de Port- Biddaray 23 km. Cumul : 810km.

    Dans la chambrée, les coréens se sont levés hyper tôt, comme d’hab, et sans trop de discrétion. J’ai quitté StJeanP2P à 7h30. Malgré les indications et le plan reçus à la Maison du Pèlerin, j’ai bredouillé le départ et me suis retrouvé sur le GR10 (traversée des Pyrénées). J’étais un peu contrarié par ce faux départ quand mon ange gardien du jour est arrivé, surgi de la toute première partie de ce Camino. J’avais rencontré Thomas dès le 2e jour et nous avions partagé quelques belles conversations pendant deux étapes avant qu’il bifurque vers une autre Voie, fasse pause, reparte je ne sais où et… vienne ce matin me rassurer et me conforter. Encore une réapparition synchrone sur mon chemin ! Joyeuses retrouvailles. Ensemble, en croisant nos infos (applications diverses) nous avons bien entamé cette voie « basque » vers Irun (en 4 étapes pour moi). Thomas a 39 ans. Il est très engagé dans un mode de vie le plus indépendant possible. Avec le moins d’argent possible. Rien n’est facile, mais il a une énergie captivante. Il parle beaucoup, avec entrain et enthousiasme. Il dit qu’il y a toujours une solution. Surtout sur le Camino.

    Plus loin nous trouvons par terre un dossier papier avec toutes les indications sur cette Voie. Quelques minutes plus tard une petite pèlerine encapée (il pleut) arrive en sens inverse toute essoufflée. C’est elle qui a perdu ce précieux document. Elle est sauvée ! On repart tous les 3. Je sors Félix. Je sens que Jojo et Jaja commencent à être jaloux.

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  • S2. Jour 36. Le lièvre et l’étoile.

    Saint-Jean Pied de Port 0 km. Cumul : 787 km.

    La façade affiche « Le lièvre et la tortue ». Ayant souvent évoqué ces deux animaux de fable dans ce journalet, c’est là que j’aurais dû loger pour ces deux nuits à Saint Jean. Pour une fois le hasard ne fait pas bien les choses. J’avais réservé depuis longtemps, sans trop chercher, à « Le chemin vers l’étoile », un nom qui rappelle le « champ d’étoiles » (en latin : campus stellae, d’où : Compostelle) vers lequel affluent tous les chemins en Espagne.

    J’avais envisagé au départ de consacrer cette journée de transition à l’étape fameuse de Roncevaux, passage des Pyrénées, réputée la plus difficile du Camino. J’ai préféré préparer un peu plus les jours qui viennent et prendre du repos.

    Le problème des logements est rendu difficile par l’afflux de touristes et marcheurs en tous genres et les jours fériés du mois de mai.

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  • S2. Jour 35. Ensemble.

    Ostabat-Saint Jean Pied de Port 23 km. Cumul : 787 km.

    Il fallait que ça arrive. J’ai oublié Jojo et Jaja en partant du gîte. Cela m’était arrivé aussi l’an dernier en Espagne. Je m’en suis heureusement aperçu assez vite. Ouf ! Cela m’a coûté un petit kilomètre de plus.

    Plus tard, alors que je marchais très mollement en ce début de journée, je me suis rendu compte que j’avais oublié… ma gourde ! C’était un démarrage  décidément très vaseux  ! Trop tard pour revenir en arrière, objet sans valeur financière ni « affective ». Tant pis.

    J’arrive à une « pose café » (écrit ainsi sur une petite pancarte). Je m’avance vers les bancs en bois. Sur la table : une petite bouteille d’eau presque pleine. Merci le Chemin !

    Je bois un café réchauffé, je pille le petit sucrier. Ça va mieux. Je repars d’un bon pas.

    Plus loin je tague (ive) une pierre plate que je pose avec d’autres pierres sur une petite borne. J’envoie un message à Pierre (décidément !)  pour que Enzo la trouve quand ils passeront et qu’il la garde en souvenir… s’il le veut.

    Je ne m’arrête pas. J’ai pourtant dans le sac un sandwich fromage-jambon (de Bayonne). Je résiste. Je veux arriver tôt à Saint Jean.

    Je retrouve deux filles déjà croisées dans  plusieurs gîtes. Je leur confie mon état de fatigue matinal. Elles me proposent des pastilles de Dextrose. Ok. Je repars encore plus vaillant. 

    Je rejoins ainsi un gros groupe de tous ceux que je côtoie depuis plusieurs semaines, tout en étant toujours resté un peu en retrait, en marge. J’arrive avec eux à Saint Jean. Photos multiples et déconnantes devant la « porte des pèlerins ». Champ du pèlerin à tue-tête. Ultreia ! Ultreia ! On y est arrivé ! J’avoue que je suis content de fêter ça avec ce petit groupe très en verve. On fait ensuite la queue au Bureau des Pèlerins, pour faire tamponner la crédenciale et obtenir divers renseignements pour la suite.

    Comme prévu il y a beaucoup de monde dans la petite ville. On décide de réserver un restau pour le soir.

    On refait la queue pour le check-in au gîte. C’est une autre perception du Camino. Il faut en accepter ces quelques désagréments.

    Je me retrouve avec le groupe de joyeux drilles dans le même dortoir.

    Au restau, et après quelques bières, l’ambiance est très festive surtout autour d’Alain le quebecquois qui achève son chemin et repart demain.

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  • S2. Jour 34. C’est fou.

    Aroue-Ostabat 25 km. Cumul : 764 km.

    L’Euzkadi c’est pas le plat pays ! Toute la journée nous avons affronté des raidillons voire de longues montées et autant de descentes. Les rondeurs du Pays Basque sont superbes à contempler, mais dures à arpenter.

    J’ai gravi ces côtes en compagnie de Jean et Christophe, deux excellents marcheurs. Christophe m’a bluffé, je dois l’avouer. C’est assez rare que je lâche prise dans une montée. Il arrive vraiment à maintenir un rythme d’enfer, avec un physique pourtant pas formaté sportif. Une belle leçon, C’est aussi un fan de toutes les sortes de musique. On s’échange des noms de musiciens. Il ne connaissait pas Sofiane Pavart. Il a beaucoup aimé.

    Tous les trois, puis rejoints par d’autres pèlerins, nous avons pausé pour déjeuner après déjà 20 km parcourus à La Chapelle de Soyarza et son extraordinaire panorama.

    Demain j’arrive à Saint Jean Pied de Port. Nous sommes passés aussi aujourd’hui près de la stèle marquant le carrefour et la réunion de 3 des 4 voies françaises principales : Le Puy, Vezelay, Tours. La 4 e c’est bien sûr Arles, celle de mon Camino 1, et qui ne passe pas ici.

    Confluence et fin de ces 3 voies, mais aussi début du Chemin pour l’immense majorité des étrangers, je sais que St Jean est totalement submergé de pèlerins. Je ne serai pas surpris d’y trouver foule. A moi de savoir conserver mon calme intérieur qui normalement ne doit pas être ébranlé par si peu.

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  • S2. Jour 33. La communauté de l’orteil.

    Argagnon-Arouet 22km. Cumul : 739km.

    Pierre et Enzo sont derrière moi, à une ou deux étapes, depuis leur pause à Condom et leur détour par un petit festival de musique. Je n’ai pas de nouvelles précises mais je sais qu’ils avancent puisque je reçois depuis 3 jours des photos de mon « tag ive » qu’ils découvrent à l’arrière d’un panneau ou sur des livres d’or. Je trouve ce jeu de pistes assez sympa. Je suis un Petit Poucet qui laisse des « peace and love » sur son chemin que retrouvent ainsi ceux qui passent après moi. Cela me donne envie de continuer de semer ce signe…

    Aujourd’hui j’ai retrouvé Mariana l’ukrainienne que j’avais quittée avant Cahors. Elle était partie devant. J’avais pris derrière elle une autre direction pour rejoindre mon gîte. C’était un peu comme un malentendu. Notre retrouvaille est encore l’effet d’un hasard fou. Elle était arrêtée à une informelle « pause pèlerin » (table chaises abri en bois). Elle allait repartir quand elle a entendu un groupe qu’elle ne connaissait pas s’inquiéter d’un Yves. « Yves? D’Aix en Provence ? » (parfois je dis « de Marseille ») Oui, oui. Alors elle m’a attendu. Sinon je ne l’aurais jamais revue. Elle était très contente. Moi aussi. En fait elle avait fait une pause aussi. Son mari est venu la rejoindre quelques jours. Elle a une tente maintenant. Elle essaie de dormir près des gîtes.

    Au fait, pourquoi s’inquiétait-on de moi ?  Ce matin une petite vague s’est formée sur le chemin, sans préméditation, comme ça se fait. Il y avait avec moi Claudine et Jean-Michel, Paul, Christophe, Christian, Justine, et un couple que je ne connais pas. J’ai pris les devants en rythme lièvre, trois m’ont suivi à courte distance. Pris par mon élan de marche rapide je n’ai pas vu une balise-croix et me suis trompé de chemin. Les trois m’ont suivi. Je me suis aperçu de mon erreur (merci Visorando) et rebroussé chemin. Voilà pourquoi les derniers sont devenus premiers (merci Jésus) et se demandaient pourquoi nous n’étions pas à la pause avant eux.

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  • S2. Jour 32. Au chemin des merveilles.

    Argagnon - Navarrenx 25,5 km. Cumul : 717 km.

    On repart chaque matin, sans trop regarder au-delà de l’étape du jour, et puis on réalise qu’on marche depuis un mois, et qu’on a parcouru plus de 700 km… Je suis à trois jours de Saint Jean Pied de Port, qui pour beaucoup de pèlerins est une fin, et pour beaucoup d’autres un début. Ce sera pour moi un passage mais tout de même aussi un premier aboutissement : la fin de la Voie du Puy.

    Ce matin j’ai encore béni le jour où j’ai eu la bonne idée d’acheter ce petit parapluie qui m’abrite depuis deux jours d’une pluie persistante. C’était dans un magasin de rando de Sydney (c’est chic non ?), dans ce pays aux antipodes de Compostelle, à une époque où je n’y songeais pas, et sans vraiment en avoir utilité. Il était écrit que cet accessoire (marque Katmandu, non distribuée en France) deviendrait un indispensable partenaire de mes Caminos. A tél point que comme mes bâtons Jojo et Jaja, j’ai décidé de le prénommer. Je vous présente donc Félix, mon fidèle compagnon des jours de pluie !

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  • S2. Jour 31.Alternatif.

    Uzan-Argagnon 22,5. Cumul : 691,5 km.

    Et dire que j’ai hésité à reprendre mon petit parapluie, pourtant validé après le premier Camino ! J’ai marché toute la journée sous une pluie disons force 6 (sur une échelle qui irait de 1 à 10, de bruine-crachin à trombes-déluge). Et sous l’abri de ce petit parapluie (en plus de la veste Goretex et du protège-sac bien sûr) j’ai pu passer une journée plutôt sereine, sans avoir l’impression de « subir » la pluie.

    Ce matin à 8h30 Ben m’a déposé là où il m’avait retrouvé hier. Le fil du chemin n’est pas cassé. Il a fallu se faire un peu violence pour s’arracher au confort. Ben est reparti retrouver sa petite famille dans sa belle maison écologique en bois. Moi j’ai repris ma longue marche.

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