S2. Jour 49. Chemin ou route ?

A Fonsagrada-O Cadavo 30km. Cumul : 1040km.

Les Beatles se sont séparés ! Non, je ne vous replonge pas en avril 1970. Il ne s’agit pas non plus de vous annoncer la dissolution du quatuor « Beatles du Primitivo » mais de constater qu’aujourd’hui ils ont fait des choix variés. Patrick qui a beaucoup donné hier et redoute une périostite  a préféré sauter l’étape en taxi, craignant aussi la pluie. Alain est resté avec lui en pote exemplaire qu’il est. Emmanuel a pris aussi le taxi mais a marché les 12 derniers km. Moi j’ai décidé de partir encore à pied par la route (ce qui a rallongé l’étape) mais en laissant mon sac aux autres Beatles. Première expérience de marche sans sac en 120 jours (cumulés) de Camino ! Et bien je peux confirmer ce dont je me doutais : ça n’a rien à voir. Même avec un sac plutôt léger (8-9 kilos) comme le mien. Cela dit, même sans sac, 30km reste une distance limite à mon sens. Aujourd’hui ce furent 17km sur bitume puis 13 sur le Chemin, encore une fois sur des sentiers pleins d’eau et de boue où mes semelles désormais ultra usées commencent à me transformer parfois en patineur. Mais pour l’instant j’ai évité la chute, c’est l’essentiel.

Je suis donc parti seulement avec Félix, Jojo, et Jaja. En mode minimaliste. Sans eau (c’est pas une bonne idée). La pluie pas très drue ce matin a assez vite cessé et j’ai marché au sec, finissant même dans un bout de soleil presque chaud. Juste après le col de Cerredo (960 m) j’ai poussé mon triple « waouh » importé de France mais comme je suis en Espagne j’ai ajouté un triple « olé » en faisant même la « ola » avec Jojo Jaja. C’est dire que j’étais bien !

Je n’ai donc pas regretté mon choix de confier exceptionnellement mon sac à un véhicule, surtout dans la terrible côte vers À Lastra. Redoutable pente en sous-bois, mais en haut, heureusement, revenu sur la route, le pèlerin trouve enfin un bar-café. Puis reprend la route.

La route… J’en profite pour évoquer une question sensible sur le Camino : la proportion de « bitume ». Car oui, il faut le dire, aller à Compostelle, et cela quel que soit le chemin choisi, vous amènera souvent sur des routes bitumées et plus ou moins fréquentées, sur des bas-côtés plus ou moins aménagés. Cela constitue un frein pour certains. Aller à Compostelle c’est aussi constater la difficulté d’enchaîner des chemins, c’est constater parfois leur dégradation ( en partie à cause de véhicules à moteurs). Bref, cheminer en marchant c’est aussi se rendre compte de la géographie au ras du sol, de la réalité de nos paysages et ce qu’ils sont devenus aujourd’hui.

Je ne fais pas une fixation là-dessus. La route goudronnée fait partie du projet. Comme la pluie, comme les autres pèlerins, comme un paysage sans intérêt. Je le redis régulièrement : un Camino n’est pas une randonnée, même si ça y ressemble. Si vous êtes totalement allergique au bitume, surtout ne vous lancez pas dans ce projet. Vous seriez déçu.

Dans quelle proportion peut-on estimer ces portions de route ?

Sur les deux Caminos je dirais 30%. Mais juste en me fondant sur un ressenti, sans aucun calcul précis.

Après une rapide recherche je n’ai rien trouvé de précis sur Internet pour l’instant à part des « points de vue ».

Je sais que certains seront désappointés d’apprendre cela. Le Chemin n’est pas toujours comme on l’attend. Il n’a pas à répondre à un désir. Il n’est pas un produit de consommation. Il est comme il est. Décevant parfois, fascinant souvent. C’est à prendre… ou pas.

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Sans mon sac

Je ne suis plus

Le même pèlerin