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Jour 32. La chute.

Maubourguet - Anoye 24 km. Cumul : 691 km.

Le poète m’avait pourtant prévenu deux jours avant : «  Attention pèlerin/ Assure ton pas/ Le terrain est boueux ». Le haïku n’a pas suffi. La sandale a dérapé, le pèlerin a glissé. Et dans sa chute a cassé son petit parapluie qu il tenait idiotement à demi replié dans une main en même temps qu’un baton (Jojo ou Jaja, je ne peux pas savoir). Il faut dire aussi qu il n’était pas facile de rester debout sur cette terre glissante, gluante, en pente, en devers. Toute la journée ce ne furent que pièges ainsi tendus sous les semelles du pèlerin pourtant prudent. Première journée totale de pluie. Disons le clairement : c’était pas une étape pour les chochottes.

De flaques en flaques, d’ornières boueuses en herbe spongieuse, toute la journée s’est donc passée en mode humide. Mais l’équipement tient le choc. Je fais un super test du matériel : sandales Merrell tiennent le coup, pantalon Quechua rien à redire, veste Goretex Millet irréprochable (même après 7h de marche sous la pluie).

C’est tout de même rassurant d’avoir du bon matos.

A part ça, la petite vague de pèlerins qui s’était naturellement formée depuis une ou deux semaines s’est un peu disloquée au fil  des étapes. Ce soir, au gîte communal d’Anoye, on s’est offert une pasta party avec Dorian ( un ogre) et Raymond et Fabienne, le couple de Suisses, qui n’en sont pas à leur premier Camino. Nos chemins devraient bientôt se séparer, mais ces rencontres éphémères ont un goût particulier, celui d’une communauté de gens un peu fous qui acceptent par exemple de marcher une journée entière sous la pluie alors que rien ne les oblige. Et de repartir à pied le lendemain, peut-être encore sous la pluie, vers une même très lointaine destination alors qu’ils ont un nid douillet dont ils pourraient ne pas bouger. Ils savent que parfois c’est un peu dur à expliquer. Ils savent que c’est un peu difficile à comprendre. Eux-mêmes ne savent pas toujours pourquoi. Mais ils sont là, et ils marchent. Ils ne sont pas masochistes. Le soir, autour d’un plat de pâtes et un verre à la main, malgré la journée grise et éreintante, ils se disent que la pluie est belle, et que la boue fait partie du chemin.

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Un paon sur mon chemin

Lui aussi

Il marche dans la boue

Commentaires

  • Eh oui, la pluie est belle, c'est même de l'or qui tombe (enfin !) du ciel. Mais nous nous trouvons devant un dilemme quand nous pensons à toi et à tes compagnons de chemin.

  • Et oui vous êtes masos ……….. j’en suis 2 autres; mais ça reste beau et après la pluie le beau temps de toute façon ! Bises

  • courage Yves ! j'espère que tu t'es remis de cette chute, oui, ce ne doit pas être agréable de marcher par ce mauvais temps, mais que faire ?? bises Yves, nous sommes avec toi !

  • Bravo pour tous ces kilomètres depuis un mois. La gadoue plus la fatigue fragilisent certainement ! À Marseille tout est sec pas une goutte ! Bonne continuation et qui va sano va lontano !

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