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Jour 30. Marcher en marge.

L’Isle de Noé - Saint-Christaud (gîte Le Pépic) 19 km. Cumul : 641 km.

En définitive je crois que mes sandales ont fini au bon endroit. Je les ai déposées, comme au pied du sapin de Noël, sous un vieux banc en bois dans la grande pièce principale. Étant donné leur environnement  immédiat et l’état des objets voisins je pense qu’elles vont rester là un bon bout de temps et pourront prendre une retraite  sans souci.

Le contraste est saisissant. Je suis arrivé en début d’après-midi dans un cocon de raffinement décliné en œuvres d’art, beaux objets, et tapis partout. Chaque chose est à sa place, bien choisie. Et jardin idem devant l’immense baie vitrée. Tout est calme et volupté. On ne voudrait plus partir ! Il faudra bien, pourtant. C’est la dure loi du pèlerin errant…

 

J’ai marché toute la journée dans l’herbe mouillée ou la gadoue, en grande partie encore sous la pluie. Rude expérience pour mes jeunes sandales (Merrell) ! Mais elles ont un bon pilote, encore solide sur ses bases, souple des chevilles, et sûr de ses appuis avec l’aide de Jojo et Jaja (voir Jour 13 ). Ce genre de parcours est un excellent exercice de proprioception ! Mister P. est content de lui…

A part ça, aujourd’hui (phrase rituelle désormais dans ces chroniques) j’ai vu les Pyrénées !

Mais oui, regardez bien, en arrière-plan de la photo, cette chaîne de sommets enneigés : c’est là que je vais, un pas après l’autre.

Au premier plan un monument « aux morts » comme on peut en voir dans la plupart des campagnes de France (ici le village de Montesquiou) avec leur longue liste de « morts pour la Patrie » en 14-18, parfois avec un ajout pour 39-45. Quelle cruelles saloperies que ces guerres !

Je veux bien penser avec Hobbes que « l’homme est un loup pour l’homme », que la vie et la société le plongent sans répit dans des rapports de force, mais je ne peux pas imaginer que dans un siècle on trouve dans des campagnes surpeuplées ou au contraire désertées, des monuments aux victimes d’une 3eme guerre mondiale. Et pourtant…

Être sur le Chemin ne me fait pas oublier que notre « maison brûle » et que tout peut arriver dans ce monde, même le pire. J’essaie de ne pas perdre de vue mes responsabilités de citoyen, d’humain, d’individu. Mais je sens bien que cette longue marche est aussi peut-être une fuite. Cette marge, cet écart, ces « interstices » (comme l’écrit Tesson), ont leur temps.

Que faire ensuite de tous ces pas accumulés ? Il faudra bien que je me pose la question.

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Attention pèlerin

Le chemin est boueux

Assure ton pas

 

 

 

Commentaires

  • Pluvieux aussi du côté de chez Jacques et ma mère ; elle n’a pas marché du coup aujourd’hui.

    Ici aussi « 2 gouttes » ce soir comme on dit chez nous !

    Émotion de voir les Pyrénées ! Pour la 1ere fois je pense à ce que pouvait ressentir les légionnaires romains ou tous les autres fantassins après des longues journées de marche.

    Tu as dû apprécier l’ordre ! Bises à demain !!!

  • Et j 30= un mois , félicitations !

  • Allez Yves, nous sommes de tout coeur avec toi. Permet moi de penser à ton papa et à Guy qui doivent être fiers de toi, et te protéger durant ce long chemin. Gros bisous Yves !!

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