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Jour 25. Un cadavre sur la route.

 Pibrac - L’Isle-Jourdain 21 km. Cumul : 536 km.

Dès la sortie de la gare de Pibrac (à 17 km de Toulouse) j’ai été dans la confusion directionnelle. Hésitant entre le GR 657 habituel, celui qui suit le Camino, et une « variante historique » vantée par le « Miam Miam Dodo « ( la Bible des pèlerins, toujours à portée de main), j’ai perdu le fil. Cette variante est très mal balisée et elle n’apparaît pas sur la carte IGN de l’appli Visorando.

Bref, j’ai un peu galéré, et décidant finalement de  rejoindre le GR j’ai dû emprunter une portion de route très dangereuse pour le piéton, grande ligne droite bordée de platanes, avec barrières de sécurité, sans bas côtés. Et c’est là,  au bout de quelques centaines de mètres, que j’ai découvert le cadavre.

Une belle tête, de jolies cornes, un poil souple. La mort, probablement, ne remontait pas à longtemps. Il était allongé sous la barrière de sécurité, comme endormi. J’ai pensé au « Dormeur du val » de Rimbaud : « Les parfums ne font pas frissonner sa narine ».

Ce beau chevreuil, dans toute la splendeur de sa vie animale, avait été fauché par un véhicule qui, probablement, ne devait pas rouler à moins de 80km comme les panneaux le demandent. Au même endroit d’autres panneaux prévenaient de la traversée d’animaux.

La vitesse, la grande affaire des deux derniers siècles de l’humanité, est une tueuse. On en a fait constamment un synonyme du progrès alors qu’on n’en finirait plus de faire la liste de ses crimes.

Le marcheur, à 4 km/h, ne heurtera jamais personne, ni humain ni animal. Le marcheur ne met rien ni personne en danger. Il est innocent par nature.

Le chevreuil ne craint pas le marcheur (le chasseur n’en est pas un). Le marcheur-pèlerin  aurait préféré aujourd’hui voir un instant la course bondissante du chevreuil plutôt que son cadavre figé sur le bitume, pitoyable symbole d’un monde qui violente sans vergogne la vie animale et ose encore pourtant parler de progrès.

Un peu plus loin, sur le GR, sur une piste en forêt ouverte aux voitures , un panneau prévenait :

«  Prudence. Randonneurs ». Autrement dit : attention, traversée de randonneurs.

Moins agile mais fragile comme lui, le marcheur est fier d’être le frère du chevreuil.

PS : ne voulant pas vous imposer ici l’image d’un animal mort, je l’ai tout de même mise sur Instagram (lien tout en haut de la page, accessible à tous) comme témoignage et hommage. Paix à son âme animale.

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Les voitures me frôlent

Je me sens fragile

Comme un animal

Commentaires

  • A Revel, j'ai vu ta main trembler mais n'ai pas interrogé; en lisant ton blog j'ai su…
    Tu es parti sur Le Chemin, je te souhaite de trouver … et surtout de revenir vers ton aimée.
    Bon Chemin!
    "N'oubliez pas l'hospitalité car c'est grâce à elle que certains, sans le savoir, ont hébergé des anges'" Epitre aux Hébreux 13,2

  • bonne continuation Yves ! Merci pour tout ce qui nous permet de te suivre ! prends soin de toi ! Bises

Les commentaires sont fermés.