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S2. Jour 21. No day’s perfect.

Lauzerte-Moissac 28,5 km. Cumul : 441,5 km.

Au km 3 j’ai failli passer à côté de la Chapelle Saint Sernin. Encore un lieu où s’apaise l’esprit. Quatre chaises en désordre. Un christ en bois, crucifix sans croix, admirable. Une seule bougie sur l’autel devant une statue de Marie. Un seul pot avec une plante vivace. Trois petites ouvertures où passe la lumière pure toute blanche du matin dont un rayon vient tomber sur les pieds du Christ. Recueillement spontané dans cet espace plein de vide. Je partage ce moment  avec trois Lillois que je rencontre dans ce lieu magique. Dehors nous  exprimons  tous la même émotion.

Je continue la marche avec eux.

Au km6, un chevreuil hésite puis traverse la petite route cent mètres devant nous avant de s’élancer en bonds successifs le long d’un champ labouré. On se croirait dans un Walt Disney. En mieux bien sûr. Autre instant magique. Autre émotion.

Au km 12, pause du matin. Je m’offre un nouveau combo : café, diabolo menthe, pain au raisin. Pierre et Enzo me rejoignent.

Ce matin, Enzo râle. Il est usant. Pierre, très pro, trouve toujours (jusqu’à quand ?) les mots justes, entre exigence, fermeté, modération. Il rappelle constamment les règles.

Paradoxe : cette même société qui crée les conditions de la délinquance offre à un jeune à la dérive un accompagnant pendant 24h sur 24 et une « rando » de 3 mois… Tout le monde n’a pas cette (deuxième) chance, et celle-là ne se joue pas à Chifoumi.

Ce serait bien qu’il ne la laisse pas passer. Tout le monde l’encourage sur le Chemin. Mais il râle quand ça monte. Il est loin d’être sorti de sa mauvaise auberge.

La fin de l’étape se révèle pénible. Il n’y a pas de jour parfait. La traversée de Moissac est longuette. Le gîte est dans un quartier un peu déglinguos, loin du centre, près de la gare. J’ai un coup de blues, un vrai, du genre « sortez-moi de là », malgré La Chapelle, malgré le chevreuil.

En fait c’est Mister P. qui va pas bien. Question de détails, mais des détails qui peuvent fragiliser le mental du marcheur.

Bon, cela dit, dans mon dortoir, depuis Cahors, il y a Katia, une toute petite allemande (ça existe donc), qui parle très bien français. Elle marche bizarrement (il m’est arrivé de la voir en chemin), à tout petits pas glissés. C’est curieux, elle me fait penser à un personnage de BD mais je sais pas lequel. Là, dans le dortoir, elle accuse le coup des presque 30km du jour.

On n’a échangé que quelques mots banals (tu as le code du wifi ? c’est à quelle heure le petit dej?). Et puis  comme ça, sans préambule, elle me propose des « crackers goût fromage ». J’adore.   Elle me tend la boîte. Ça me rappelle les apéros à la maison. Je la remercie. Ça va déjà mieux.

………………

Sa main ne tremble plus

Quand elle tient

Jojo et Jaja (1)

 

(1) nom donné à mes bâtons de marche : voir Mon camino saison 1.

Commentaires

  • Coucou ; parfois c’est la routine du marcheur , un peu comme dans perfect days de Wenders, où la chanson éponyme est bien sur la bande annonce. Les km qui défilent, le gîte , la route qui est longue. Mais toi tu as Muster P donc forcément c’est plus dur.
    Courage

  • Coucou ; parfois c’est la routine du marcheur , un peu comme dans perfect days de Wenders, où la chanson éponyme est bien sur la bande annonce. Les km qui défilent, le gîte , la route qui est longue. Mais toi tu as Muster P donc forcément c’est plus dur.
    Courage

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