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S2. Jour 27. Le labyrinthe.

Eauze-Nogaro 21km. Cumul : 590,5 km.

Quelques centaines de mètres seulement après avoir quitté le gîte de Jean-Pierre, le chemin me conduit devant une plaque de rue totalement inédite depuis que j’arpente les chemins vers Saint-Jacques. Le panneau devant moi indique : « Impasse de Compostelle ».

Que dois-je conclure de ce nouveau signe ? Que mes Caminos  peuvent être des impasses ? Que je n’y trouve rien « à la fin » ? Que j’en revienne sans rien avoir appris ? Il faut en accepter l’hypothèse.

Pourtant ce matin je me sentais justement sorti de l’impasse, notamment celle des questions sur l’écriture de ces chroniques quotidiennes et sa fonction. Oui, j’y prends toujours du plaisir, oui elle m’est toujours  nécessaire, oui elle accompagne naturellement ma marche et forme avec elle un binôme indissociable.

En fait l’impasse où je me suis trouvé il y a deux jours (voir jour 25) était plutôt une impasse émotionnelle en grande partie due à la fragilisation de Mister P.

De cette impasse là aussi je suis sorti aujourd’hui. Il faut parfois peu pour basculer d’un état à un autre. Une bonne nouvelle venue de ma petite tribu a contribué à me fortifier. Au moins provisoirement.

Je sais et je dois admettre que je ne suis pas pour autant sorti du labyrinthe émotif dans lequel je suis condamné à errer. Il y aura d’autres impasses. Je continuerai. Je repartirai. Je chercherai encore. Mais je sais au moins deux choses. Je ferai tout mon possible pour échapper au Minotaure. Pour cela je pourrai peut-être quelquefois me métamorphoser en l’un de mes animaux fétiches : L’escargot intrépide, la tortue entêtée, le lièvre bondissant, le tigre pacifique… Ou en papillon blanc !

Je sais aussi que mon Ariane est brune et qu’elle m’attend à la sortie de ce labyrinthe intérieur. Ou plutôt : au bout du chemin extérieur.

Là je ne me perds pas. Nul égarement. Nul dédale. Là je sais où je vais. Il n’y a pas que les balises blanches et rouges qui me guident. Je m’élance vers des perspectives qui m’enchantent toujours, comme celle là, ce matin, quand je découvris, les pieds alourdis par la glaise des ornières boueuses, deux arbres qui s’embrassaient par dessus le chemin, mon chemin. Je me suis d’abord arrêté pour ne pas les déranger. J’ai fait semblant de ne pas les voir. J’en ai profité pour enlever un peu de la terre collée à mes semelles en les frottant sur le sol herbeux retrouvé.

Et puis il fallait bien que je continue. Je suis passé sous leur baiser végétal. J’ai pensé à mon Ariane.

Non, il n’y a pas d’impasse de Compostelle. Je porte en moi un labyrinthe mais devant moi toujours il y a le Chemin. Toujours il y a une voie. Toujours il y a une voix. J’avance, j’écoute. Et advienne ce que doit.

…………..

Impossible d’avancer

Sans marcher

Dans la boue

 

 

 

 

 

Commentaires

  • Belle perspective que ces deux arbres qui s’embrassent et te font une haie d’honneur.

  • Heureuse pour toi que les pensées moroses du J25 ne furent que passagères.
    Ce chemin me semble s’annoncer plus lumineux, c’est ce que je te souhaite.
    Bonne route Yves c’est toujours un plaisir de te lire.
    Pensées amicales
    Laure

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