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  • S2.Jour 57. La fin de la fin.

    Cocurbion-Cabo de Fisterra 17 km. Cumul : 1204 km. 


    « Le vrai chemin commence à la fin ». Le café-restaurant musical à l’entrée de Fisterra city affiche (en anglais et en mosaïque céramique) un précepte courant du Camino.

    On pourrait le dire n’importe où, et notamment à Santiago, mais si l’on prolonge l’expérience jusqu’à l’Océan, vers l’une ou l’autre des pointes extrêmes à l’ouest, la maxime prend un sens encore plus fort par l’analogie symbolique que lui propose cette « fin de terre » qui ouvre sur un horizon maritime, vaste ouverture qui semble illimitée après les limites imposées des chemins…

    Je ne regrette donc pas d’avoir cette année découvert ces caps et ces phares qui donnent au Chemin un prolongement autant philosophique que géographique.

    Je suis comblé d’avoir pu aujourd’hui parcourir à pied le dernier tronçon qui mène à Cabo Fisterra après être parti de Cocurbion. Une partie d’étape très agréable qui traverse encore des forêts d’eucalyptus et contourne quelques plages de sable fin qui couronnent de larges criques que l’on pourrait croire bretonnes.

    Sur l’une d’entre elles j’ai tracé un haïku de sable et ramassé une coquille Saint-Jacques comme le faisaient peut-être les pèlerins d’antan avant d’entreprendre (quelle folie !) le voyage retour.

    Arrivé au cap et phare de Fisterra j’ai accompli tous les rites du lieu, au milieu de beaucoup de touristes et de quelques pèlerins.

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  • S2. Jour 56. Océanique.

    Ventosa-Negreira 12 km. Cumul : 1187km.

    Comme l’an dernier j’avais d’abord fait de Saint-Jacques le but naturel de mon Camino. Je l’ai déjà dit : j’ai un peu de mal à considérer l’intérêt du « prolongement » qui serait presque devenu « obligatoire «  jusqu’à Fisterra au nom d’une tradition supposée de pèlerins allant vénérer une sorte de divinité païenne panthéiste, un bout du monde, une fin de terre et un océan infini, après avoir marché chrétiennement vers le tombeau de St Jacques. L’histoire est belle mais contestée par certains historiens qui ramènent ce « supplément «  de chemin à des considérations plus pragmatiques : que ce bout de terre bénéficie aussi des retombées économiques du pèlerinage.

    Mais qu il soit considéré ou non comme une partie du pèlerinage, ce prolongement vaut dans tous les cas le détour, au moins touristique.

    Je mélangerai donc un peu les genres aujourd’hui et demain en marchant une partie et roulant une autre. Je vais parcourir quelques uns des kilomètres à pied qui me mèneront à Fisterra comme but ultime de ce second Camino, tout en adaptant cette fin de parcours à la volonté touristique de mes trois familiers venus me rejoindre en Galice.

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  • S2. Jour 55. Les 10 commandements.

    Saint Jacques de Compostelle. 0 km. Cumul : 1175 km. 

    Mon pèlerinage n’est donc pas cette année complètement terminé à Santiago. Mi-pèlerin mi-touriste, je vais aller jusqu’à Fisterra.

    Aujourd’hui c’était journée de transition à Santiago avec mes anges gardiens.

    La journée a commencé par un nouvel exemple de la fameuse « magie du Chemin ». En traversant ce matin l’esplanade devant la cathédrale (Obradoiro) où les pèlerins sont magnétiquement attirés et dont ils ne voudraient pas partir, je retrouve Alain et Patrick, que je n’aurais plus dû revoir « logiquement ». Mais il fallait bien sûr que juste à ce moment et à cet endroit le Chemin nous réunisse une dernière fois et nous offre une séparation plus douce, quelques larmes comprises.

    A quelques mètres près et quelques minutes, on se loupait.

    Après mes anges familiers m’ont accompagné au service bien rodé des « Compostellas » (attestation du pèlerinage effectué), puis à la poste où comme l’an dernier j’ai expédié chez moi Jojo et Jaja interdit d’avion, accompagnés cette année du couteau Deejo.

    La suite de la journée nous a permis de faire découvrir Santiago à Claude et Hélène, beau-frère et belle-sœur venus faire les anges avec l’aimée : churros et chocolat au Casino, poulpes marinés au Gatto Negro, fromages et chorizo au marché, puis café sous les arcades quand la pluie est revenue. Avant de quitter la ville j’ai tenu ma promesse faite à Fred le mousquetaire: allumer une bougie en son nom à la cathédrale en souvenir d’un être cher.

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  • S2. Jour 54. L’arrivée.

    O Pedrouzo- Santiago 21,5km. Cumul 1175 km.

    J’avais pensé que les Beatles du Primitivo pourraient faire cette dernière étape tous ensemble. Mais une fois encore nos rythmes ne se sont pas accordés. De toute façon le temps était venu de la dissolution du groupe. Une bien belle aventure,  J’avais prévenu que je marcherais très lentement pour prendre conscience le mieux possible de ce moment particulier : la fin du Camino. Si je ne suis pas capable de ralentir le pas pour dilater le temps après 1200 km sur le chemin je pense qu’il y a une leçon que je n’aurais pas comprise.

    Je suis donc allé à petite allure au milieu de cette foule de « pèlerins » de toutes sortes qui avancent dans ces derniers kilomètres en formant une sorte de rivière humaine venant se déverser dans la vieille ville de Santiago.

    Devant une église où j’ai tamponné ma Credenciale pour la dernière fois, j’ai acheté à Juan-Carlos, voix cassée et tignasse de lion, une petite « sculpture »en fil de fer plié représentant un pèlerin et… un escargot.  Ce sera je pense un de mes souvenirs fétiches du Camino .

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  • S2. Jour 53. Ithaque.

    Boente-O Pedrouzo 27,5 km. Cumul 1153,5 km.

    Depuis hier à Melide en fin d’étape le Camino Primitivo a rattrapé le Camino Frances. Je marche donc pour les 48 derniers km exactement sur les pas de mon premier Camino, il y a un an presque jour pour jour. Je n’y reconnais pas beaucoup de choses à part quelques « Albergues » et l’émouvante plaque souvenir d’un pèlerin mort ici à un jour de son arrivée à Santiago. Il avait 69 ans. Mes souvenirs restent flous, y compris sur mes derniers gîtes.

    Nous sommes donc depuis Melide dans cette zone très fréquentée qu’empruntent aussi les « pèlerins des 100 derniers kilomètres » (suffisant pour obtenir la Compostella, sorte de diplôme du Camino). Cette « autoroute » finale concentre bien sûr tout ce qui peut irriter dans le Chemin de Compostelle : flot continu de pèlerins, quantité de « sans sac »ou « tourigrinos », groupes bruyants, et… cyclistes, dont la présence  pénible suscite même de fréquents graffitis : « cyclists are not pilgrims ».

    J’adhère à ce jugement. J’en avais parlé l’an passé. J’ai vu des agences qui se spécialisent dans le Camino à vélo (électriques bien sûr) et des affiches qui proposent aussi de le faire… en quad ! Et demain, ce seront probablement  des troupeaux de trailers fluo qui afficheront leurs temps records !

    Compostelle est en danger de massification et de diversification. Cela aussi je l’ai déjà dit. Le pèlerinage initial devient un produit de consommation. Vous en voulez combien ? 3 jours ? Une semaine ? Avec bagages qui suivent  ? Avec véhicules ?

    Cela dit ce n’est pas nouveau. Tous les lieux de pèlerinage, de Lourdes à La Mecque, en font un commerce lucratif. Compostelle n’échappe pas à la règle, et depuis le Moyen-Age.

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  • S2. Jour 52. Pourquoi ?

    Ferreira-Boente 28 km. Cumul : 1126km.

    Pourquoi ? La question revient toujours, avec insistance. Ceux qui ne connaissent pas le Chemin la posent inévitablement au pèlerin, mais les cheminants se la posent aussi entre eux, comme si parfois ils cherchaient chez l’autre une réponse qu’ils n’ont pas. Ils mettent en commun leur perplexité.

    Je mets à part ceux qui se lancent sur un Camino pour des raisons particulières, la plupart du temps un événement marquant (par exemple une rupture affective ou professionnelle, ou une maladie…), un moment particulier de leur vie. Quand ce n’est pas le cas, alors pourquoi accepter ces efforts, cet inconfort, ces douleurs parfois, la pluie, les chemins difficiles ?

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  • S2. Jour 51. Que tal ?

    Lugo-Ponte de Ferreira 27,5 km. Cumul : 1098km.

    Les bornes galiciennes balisent donc maintenant le chemin et marquent le compte à rebours jusqu’à Santiago. Avec trois décimales, au mètre près, ce qui est bien sûr un peu ridicule. Ce soir il me reste à parcourir 72,137 km. Bien sûr je ne réalise pas bien que cette routine quotidienne, et tous les événements du cheminement, que tout cela va cesser dans quelques jours seulement. Trois étapes avant de retrouver l’aimée…

    Mais pour l’instant la vie du Camino continue, avec ses habitudes, ses surprises, ses désagréments, ses moments magiques.

    Aujourd’hui par exemple j’ai dansé avec Jojo et Jaja en écoutant « Jamming «  de Bob Marley, ce qui m’a fait penser à mes chers mousquetaires de la Voie du Puy. J’étais seul. Je me suis offert l’album « Exodus » en entier. Le pied.

    La pluie a semblé se fatiguer un peu à nous suivre et le soleil a osé une apparition en fin d’étape, puis sur la terrasse du gîte pour boire la bière rituelle après l’arrivée. Ce bref retour de la lumière a suffi pour que Vanessa sorte ses lunettes aux verres bleus.

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  • S2. Jour 50. Quel pèlerin es-tu ?

    O Cadavo-Lugo 30,5 km. Cumul : 1070,5 km.

    Quelle belle étape ! Pas de pluie, presque pas de boue, et pratiquement pas de bitume. Comme pour démentir ma chronique d’hier (voir jour 49) les chemins étaient comme ceux qu’on dessine. Larges, doux sous la semelle, bordés de murs en pierres et de fleurs, traversant de belles forêts, des champs où paissent de paisibles animaux, sans pentes trop abruptes, sans cheminement difficile. J’ai pu me tenir pour une fois à mon plan de marche : mode éco, vitesse modérée constante, pas d’accélérations. Arrêts  aux km 8 (café) et km 17 ( pomme achetée en donativo à une « halte pèlerin »). Après je suis resté avec Patrick et Alain jusqu’à Lugo où les derniers km pour monter vers les remparts de la ville médiévale m’ont plus fatigué que le reste de la journée.

    Bien content d’avoir su boucler en version économie d’énergie cette dernière longue étape.

    On est en Galice, nous sommes descendus des montagnes des Asturies. On a traversé des villages où l’on découvre la survivance d’un certain type d’agriculture en petites exploitations. Dans les villages, des maisons abandonnées. Le monde change. Les pèlerins sont toujours là.

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  • S2. Jour 49. Chemin ou route ?

    A Fonsagrada-O Cadavo 30km. Cumul : 1040km.

    Les Beatles se sont séparés ! Non, je ne vous replonge pas en avril 1970. Il ne s’agit pas non plus de vous annoncer la dissolution du quatuor « Beatles du Primitivo » mais de constater qu’aujourd’hui ils ont fait des choix variés. Patrick qui a beaucoup donné hier et redoute une périostite  a préféré sauter l’étape en taxi, craignant aussi la pluie. Alain est resté avec lui en pote exemplaire qu’il est. Emmanuel a pris aussi le taxi mais a marché les 12 derniers km. Moi j’ai décidé de partir encore à pied par la route (ce qui a rallongé l’étape) mais en laissant mon sac aux autres Beatles. Première expérience de marche sans sac en 120 jours (cumulés) de Camino ! Et bien je peux confirmer ce dont je me doutais : ça n’a rien à voir. Même avec un sac plutôt léger (8-9 kilos) comme le mien. Cela dit, même sans sac, 30km reste une distance limite à mon sens. Aujourd’hui ce furent 17km sur bitume puis 13 sur le Chemin, encore une fois sur des sentiers pleins d’eau et de boue où mes semelles désormais ultra usées commencent à me transformer parfois en patineur. Mais pour l’instant j’ai évité la chute, c’est l’essentiel.

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  • S2. Jour 48. Gracias Félix !

    Grandas de Salimes-A Fonsagrada 27 km. Cumul :1010 km.

    Il n’y a pas eu de photo au km1000 (depuis Le Puy). Pas question de sortir mon téléphone protégé par un sac en plastique dans la poche de ma veste Goretex. Car aujourd’hui il ne s’agissait plus de la pluie fine et intermittente des jours précédents mais bien d’un arrosage constant de force 7/8 sur une échelle de 10. Plus moyen de goûter comme hier l’ondée romantique. L’urgence était de rendre cette étape supportable.

    Décision fut prise, très  rapidement, de rester sur la route pour relier A Fonsagranda. Cela nous coûtait 2km de plus mais nous évitait les chemins plein d’eau et la marche dans la boue. Il faut parfois se résoudre à ce genre de changement. Résultat sous cette pluie vraiment battante nous avons fait 27 km sur la route et d’une seule traite !

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  • S2. Jour 47. Le présent est un cadeau.

    Berducedo-Grandas de Salimes 20,5 km. Cumul : 983 km.

    « Journée pluvieuse, journée heureuse ». Nouveau dicton mais à usage localisé et durée limitée. Valable uniquement sur le parcours et pour la durée de mon Camino Primitivo. Pas de généralisation trop hâtive. Surtout pour un  sudiste.

    En ce moment je dois l’avouer les journées s’enchaînent comme les perles d’un beau collier. La pluie certes est une accompagnatrice zélée mais elle reste légère dans son approche et n’insiste jamais trop longtemps. La brume est aussi notre amie, qui aime jouer à cacher en partie les paysages. Ou plutôt à les transformer. Car rien ne se perd tout se transforme. La bruine, la brume, le brouillard, inventent de nouvelles vues et de nouvelles sensations pour le marcheur. Ils n’enlèvent rien, ils entrent en scène, c’est tout, et jouent une autre pièce. Voilà pourquoi cela ne change  rien à mon bonheur de pèlerin.

    Je ne suis pas sur le chemin à la recherche d’un beau convenu, répertorié, étiqueté, touristique. Je n’ai rien acheté, et surtout pas un voyage sur catalogue avec paysages de cartes postales. Je prends les choses comme elles sont et comme elles viennent, dans la vérité du moment.

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  • S2. Jour 46. Grand vent.

    Borres -Berducedo 24,5 km. Cumul : 962,5 km.

    C’est l’étape la plus dure du Camino Primitivo. On dit même peut-être la plus dure de tous les Caminos. Pourtant les caractéristiques de « la ruta de los hospitales «  n’ont pas de quoi effrayer un randonneur un peu expérimenté et habitué par exemple aux massifs alpins, pyrénéens, ou même provençaux.

    Le dénivelé ? Je n’arrive pas à avoir de donnée claire : entre 700 et 1300m, ce qui fait une grosse différence. Je penche après quoi pour un bon 1000m. Ce qui est sûr : 13km de montée. 24km au total. Un passage à un peu plus de 1100m. Rien de bien inquiétant. Pourtant, c’est vrai, le défi ne peut être relevé que par des marcheurs déterminés à s’engager dans un parcours très exigeant par ses pentes, par son terrain, et surtout par ses conditions climatiques, souvent très difficiles.

    Il fallait affronter aujourd’hui, et c’est habituel semble-t-il, la bruine tenace, la brume mouvante, et surtout un vent très fort, de face ou de côté. Des conditions qui donnent à cet itinéraire une ambiance « haute montagne » ou a minima « islandaise ». Il ne faut donc pas prendre à la légère cette partie du Camino, d’autant qu’elle ne propose aucun abri, aucun refuge, aucun point d’eau, aucun café… sur l’ensemble de l’étape.

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  • S2. Jour 45. La voie royale.

    Tineo-Borres 16km. Cumul : 938 km.

    Petite étape de transition avant de se lancer demain, normalement, sur les pentes de « L’hospitalet » et d’atteindre le point culminant du Primitivo. Les Asturies sont de belles moyennes montagnes. On arpente une  campagne très verdoyante dont se dégage une impression paisible. Les bâtisses agricoles manquent un peu de caractère malgré leurs greniers typiques, les fameux « horréos ». Dans le cadre de la grande fenêtre baie vitrée du gîte La Montera c’est un joli tableau que je contemple : damiers de parcelles vertes, haies et bosquets qui structurent la composition, crêtes ondulantes en fond de paysage surlignées par intermittences d’une chevelure d’arbres ou… d’éoliennes.

    Au seul café sur notre route ce matin, j’ai craqué pour un gris-gris à ajouter sur mon sac : un porte-clés « flèche jaune » où est inscrit le fameux « Buon camino », ce gentil encouragement de rigueur sur le Chemin. C’est la tradition. L’autre jour même un tout petit gamin sur un minuscule vélo s’est arrêté à côté de moi pour me lancer l’expression rituelle. C’était mignon.

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  • S2. Jour 44. Le résistant.

    Salas-Tineo 20km. Cumul : 922 km.

    Les Asturies, c’est joli. Mais ça se mérite. Le Camino Primitivo a confirmé ce jour sa réputation. On est loin des plaines de Castille et Leon du Camino Frances. Ça monte, ça descend, ça monte, ça descend. Et en plus, autre alternance tenace : pluie, soleil, pluie, soleil. Pas facile d’enchaîner ces montagnes qu’on dit « russes ». Pas facile de subir ces changements de temps et de réguler transpiration et protection. La conséquence : une distorsion temps/durée. Bergson le rappelait : le temps est absolu, la durée relative. Cette étape pourtant cataloguée « courte » (20km) nous a paru longue à cause de ce relief et de ce climat. Patrick et Alain sont gentiment venus m’attendre au départ de mon gîte ce matin et on a fait 16km ensemble qui ont confirmé notre amitié caminante. A 4 km du but, comme un cheval sentant l’écurie (en fait je « sens « surtout le bouc en ce moment) j’ai accéléré jusqu’à mon gîte de Tinéo où j’ai pu obtenir un « lit du bas ». En Espagne les lits superposés sont la règle dans les dortoirs (contrairement à la France où c’est l’exception). Il s’instaure alors parfois une stupide « course » aux « low beds » puisque « premiers arrivés-premiers à choisir ».  Je vous ai déjà dit mon aversion pour les « upper beds » mais parfois c’est tout de même très bien (un petit nid perché) dans les gîtes récents comme la Casa Sueno hier soir.

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  • S2. Jour 43. Everest.

    Grado - Salas 23 km. Cumul : 902 km.

    Et bim, encore 23 km presque d’une traite sous un ciel nuageux mais des épisodes d’une pluie très légère. Et encore un paysage tout en nuances de vert, des montées-descentes incessantes. C’est tout de même moins beau que le Pays Basque. Les villages, souvent déserts, ont moins de charme. Moins clinquants, peut-être plus « authentiques ».

    Je suis peut-être incorrigible mais pour marcher ainsi sans un vrai gros arrêt pic-nic j’avais aujourd’hui plusieurs bonnes raisons.

    D’abord ce temps humide qui n’incite pas à poser ses fesses au bord du chemin mais plutôt à se dépêcher pour éviter l’éventuelle grosse averse. Et puis mes nouveaux compagnons de route rencontrés hier soir au repas du soir !

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  • S2. Jour 42. Suivez la flèche.

    Oviedo-Grado 26,5 km. Cumul : 879 km.

    C’est avec une certaine émotion que j’ai retrouvé ce matin, dans les rues d’Oviedo, les fameuses « flèches jaunes » qui balisent en Espagne tous les Chemins vers St Jacques. L’an passé j’en ai raconté l’origine dans ce blog.

    Je n’ai donc pas eu de difficultés pour m’extraire de la ville à partir du centre et de l’inévitable Cathédrale pour me retrouver rapidement dans un paysage de campagne arborée  plutôt sympathiques à traverser, la douceur des sentiers en sous-bois contrastant bien sûr avec quelques longues portions de bitume. Bref, un gentil début d’étape marqué tout de même par un épisode « petit chien hargneux qui sort les crocs te court dessus et s’arrête à 50 cm ». Il m’a obligé à rebrousser chemin ce con de clébart ! Heureusement ce n’était pas la bonne route  ! Pour une fois la flèche manquait. On ne dira jamais assez combien les chiens sont une plaie pour le marcheur.

    Ai-je fait l’erreur de ne pas m’arrêter ( à part deux brefs « gourde&pipi ») jusqu’au km 19 ? Toujours est-il que mes talons ont recommencé à me rappeler qu’ils n’étaient pas totalement guéris…

    J’étais parti tôt, je pouvais arriver tôt, la tentation d’une étape  « d’une seule traite » est parfois insistante et on a du mal à résister.

    Je sais que les randonneurs-neuses ne comprendront pas cette hâte et ce besoin d’aligner les kilomètres. J’en ai même déjà pâti lors du premier Camino. Mais Compostelle n’est pas une randonnée. Ou en tout cas pas une randonnée ordinaire. Et puis je suis parti il y a 42 jours. Même si c’est le 1er jour sur le Primitivo, j’ai l’impression (l’envie ?) que j’aborde  néanmoins ce qu’en termes d’athlétisme on appelle « la dernière ligne droite ». Ce qui est très prématuré : il reste environ 300 km jusqu’à Santiago…

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  • S2. Jour 41. Jour de congé.

    Irun-Oviedo 0km (train). Cumul : 852,5km.

    Il faut que je vous rappelle pourquoi je suis dans un train aujourd’hui pour Oviedo ( en allant d’abord à San Sébastien puis vers Madrid et changement à Segovia, va comprendre!).

    Je vais rejoindre le début « officiel » (disons aussi « traditionnel » ou « convenu ») d’une voie espagnole appelée « Camino Primitivo « .

    Ce Chemin Primitif doit son nom à son ancienneté. Ses origines remontent au 9e siècle, lorsque le roi Alphonse II le Chaste se rendit en pèlerinage d'Oviedo à Saint-Jacques-de-Compostelle pour confirmer la découverte des restes de l'apôtre.

    D’une certaine manière c’est donc par ce chemin que l’histoire (la légende ?) et le pèlerinage de Compostelle ont commencé.

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  • S2. Jour 40. Le vin de l’amitié.

     

    Saint Pée sur Nivelle-Ascain 8km.

    Irun (voiture). Cumul : 852,5 km.

    Ce matin le soleil entrait par la porte ouverte en beaux rayons lumineux dans le grand gîte communal ou j’ai passé la nuit. J’ai dit au revoir à Claudine et Jean-Michel qui s’en vont vers le Camino del Norte.

    Me revoilà seul. Mais vite rattrapé par de formidables amis. Après encore une micro étape (ça fait du bien !)  jusqu’à Ascain, Philippe le Bordelais vient m’attraper pour me mener à Irun et déjeuner ensemble. L’an dernier il avait déjà fait des centaines de km (en voiture !) pour me faire la surprise d’une bonne bouteille ( je répète : c’est un vrai Bordelais) dans un gîte en Espagne, tout ça parce que j’avais pas le moral.

    Cette année on s’est calé ce rendez-vous depuis le début du projet.

    Donc y a du soleil, je me mets en route sans être pressé. J’ai envie de crier mon cri de paix de l’an passé : Wahou, Wahou, Wahou !

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  • S2. Jour 39. Ez deus botas zilotik.

    Espelette-Saint Pée sur Nivelle 12km. Cumul : 844,5

    Je pensais que nous ferions encore cette étape ensemble. Mais plus tôt que prévu Michelle était prête et elle est partie. Sans salamalecs. Elle m’a larguée en quelque sorte. Je sais que ce sont les rudes usages du Camino. On se donne rarement rendez-vous le matin, on ne s’attend pas quand l’un s’arrête, on ne choisit pas forcément les mêmes pauses. On affirme son individualité. Chacun son rythme,  chacun sa vie. C’est parfois un peu déconcertant, même quand on le sait, pour un grand affectif comme moi.

    Je ne comprends pas toujours, même si je suis habitué.

    Évidemment cela n’empêche pas des groupes de se former et parfois de se suivre très longtemps. On ne sait pas trop comment ça arrive. Avec mes compagnons mousquetaires ce fut une évidence amicale tout de suite. Points communs et différences. Parce que c’étaient eux, parce que c’était moi.

    Les autres binômes, trios, quatuors (c’est rarement plus) se forment ainsi aussi. Goethe parlait des « affinités électives » en termes scientifiques, Avec Michelle ça aura duré deux jours.

    Tout à l’heure je vais aller au restau pour un dernier repas avec Claudine et Jean-Michel. Je crois que ça fait 15 jours environ que nous nous connaissons. Je vais me retrouver seul pour la partie espagnole. Ainsi vont les rencontres qui se font et se défont sur ce Chemin propice aux partages sans artifice social, sans masque, sans fard.

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  • S2. Jour 38. En vérité.

    Biddaray-Espelette 22,5 km. Cumul : 832,5 km.

    Michelle était pressée ce matin. Je ne sais pas pourquoi. Un peu stressée. Elle est partie sans m’attendre. Il faut dire que Mr P est un peu long à la détente le matin y compris malgré la routine bien huilée de faire et défaire et refaire le sac. Mais je l’ai vite retrouvée encore en sens inverse affolée de ne pas trouver les balises de l’étape du jour. Moi pour une fois j’avais chargé la trace GPX sur Visorando (les spécialistes comprendront) et à partir de là on a fait comme prévu étape ensemble.

    Sur la route aujourd’hui c’était la sortie générale pour les limaces. Pour elles aussi c’est peut-être un jour férié. Cela dit, franchement, une limace, c’est comme un pèlerin sans sac à dos. Ça n’a pas de sens. Rien à voir avec l’escargot et sa maison sur le dos étalonnée nombre d’or ! Quelle différence !

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