Borres -Berducedo 24,5 km. Cumul : 962,5 km.
C’est l’étape la plus dure du Camino Primitivo. On dit même peut-être la plus dure de tous les Caminos. Pourtant les caractéristiques de « la ruta de los hospitales « n’ont pas de quoi effrayer un randonneur un peu expérimenté et habitué par exemple aux massifs alpins, pyrénéens, ou même provençaux.
Le dénivelé ? Je n’arrive pas à avoir de donnée claire : entre 700 et 1300m, ce qui fait une grosse différence. Je penche après quoi pour un bon 1000m. Ce qui est sûr : 13km de montée. 24km au total. Un passage à un peu plus de 1100m. Rien de bien inquiétant. Pourtant, c’est vrai, le défi ne peut être relevé que par des marcheurs déterminés à s’engager dans un parcours très exigeant par ses pentes, par son terrain, et surtout par ses conditions climatiques, souvent très difficiles.
Il fallait affronter aujourd’hui, et c’est habituel semble-t-il, la bruine tenace, la brume mouvante, et surtout un vent très fort, de face ou de côté. Des conditions qui donnent à cet itinéraire une ambiance « haute montagne » ou a minima « islandaise ». Il ne faut donc pas prendre à la légère cette partie du Camino, d’autant qu’elle ne propose aucun abri, aucun refuge, aucun point d’eau, aucun café… sur l’ensemble de l’étape.
Ce « sommet » du Camino Primitivo a été pour moi aussi un « sommet » tant je me suis senti au top de ma forme de marcheur, après un mois et demi de cheminements. Je n’ai jamais senti de baisse d’énergie, aucune difficulté dans les pentes montantes, et toujours beaucoup de plaisir et d’agilité dans les descentes. Les seuls passages pénibles ont été, comme chaque jour, les ornières pleines d’eau, les chemins défoncés où il faut chercher le passage le moins boueux, et ne pas risquer soit de glisser soit d’enfoncer le pied dans la gadoue… Parfois un vrai parcours de funambule en équilibre sur des pierres ou des bouts d’herbe.
Oui, j’ai vécu aujourd’hui un de ces jours où l’effort se combine à une sorte de grâce, comme si quelque chose ou quelqu’un vous accompagnait et vous rendait chaque pas plus léger, presque dansant.
Dans ce vent puissant, véritable « pousse-cailloux » comme l’a dit en arrivant Patrick le Beatles du Primitivo, je peux témoigner aujourd’hui que « j’avais des ailes «.
Le brouillard cachait parfois la vue lointaine et empêchait peut-être de profiter pleinement des beautés du paysage. Ce n’était pas grave. Je volais.
Il faisait froid. Je n’avais pas de gants. Je tapais des mains pour les réchauffer. J’ai dû refaire mes lacets mis à rude épreuve par les pierres du Chemin. Mes doigts engourdis me rendirent l’opération difficile. Mais ce n’était pas que le froid qui figeait mes doigts... Mister P. le savait bien.
Arrivé au col puis au petit plateau de Laguna de la Marta, j’ai eu besoin d’exprimer ce bonheur d’exister, cette grâce reçue encore aujourd’hui. Oui, ce moment était juste parfait, et pourtant Mister P. a versé quelques larmes, puis s’est détourné pour les cacher car Emmanuel arrivait à son tour sur la lande déserte.
J’ai voulu à tout prix graver ce moment dans ma mémoire. L’image est une aide précieuse.
J’ai tendu mon téléphone à Emmanuel et de manière assez impérative j’ai dit : « Prends-moi en photo ! ». Le vent soufflait encore très fort. Il faisait toujours aussi froid. Il fallait faire très vite.
Ne me demandez pas pourquoi j’ai pris cette pose plutôt qu’une autre. Je n’en sais rien. Mister P., lui, le sait peut-être.
……………..
Grand vent sur le chemin
Exalte mon sentiment
D’existence
Commentaires
Oui on te sent en forme !!!
Tu as réussi, bravo !!! Tu pourras venir t'entretenir les gambettes en Ecosse : 700 miles de sentiers de randonnée. Aujourd'hui c'était foggy day sur l'île de Lewis ! Bonne continuation, à bientôt !
Bravo Yves !
Bizarre ! Tous mes messages semblent tronqués voire absents ? ??
Mais oui bien sûr, il parvient ! Et me touche…
Bonjour Yves, je vois que tu as toujours la pêche et j’ai autant de plaisir à te lire.
Bravo pour avoir parcouru cette étape dans le vent et la brume. Avec Pierre nous l’avions parcouru le 15 avril 24, au départ de Colinas de Arriba, donc un peu après Borres. Nous avions eu une petite bruine jusqu’à 11h30, puis cela s’était dégagé et nous avions pu profiter des beaux paysages. C’est en effet une étape très physique., surtout au niveau des descentes.
D’autres étapes physiques suivent avec surtout des montées.
Bonne continuation.
François rencontré sur la fin de la voie Arles puis le chemin aragonais en 2023.
Merci de ton message !
Oui je me souviens bien de toi, de vous …
Quels beaux souvenirs !
Vraiment content que ce blog permette de garder des liens ainsi même « a minima »….
Cordialement
Grand vent ! Grande étape ! Grand sourire ! Grande forme !
Un grand bravo !
Françoise (Legrand... :-) )