Espelette-Saint Pée sur Nivelle 12km. Cumul : 844,5
Je pensais que nous ferions encore cette étape ensemble. Mais plus tôt que prévu Michelle était prête et elle est partie. Sans salamalecs. Elle m’a larguée en quelque sorte. Je sais que ce sont les rudes usages du Camino. On se donne rarement rendez-vous le matin, on ne s’attend pas quand l’un s’arrête, on ne choisit pas forcément les mêmes pauses. On affirme son individualité. Chacun son rythme, chacun sa vie. C’est parfois un peu déconcertant, même quand on le sait, pour un grand affectif comme moi.
Je ne comprends pas toujours, même si je suis habitué.
Évidemment cela n’empêche pas des groupes de se former et parfois de se suivre très longtemps. On ne sait pas trop comment ça arrive. Avec mes compagnons mousquetaires ce fut une évidence amicale tout de suite. Points communs et différences. Parce que c’étaient eux, parce que c’était moi.
Les autres binômes, trios, quatuors (c’est rarement plus) se forment ainsi aussi. Goethe parlait des « affinités électives » en termes scientifiques, Avec Michelle ça aura duré deux jours.
Tout à l’heure je vais aller au restau pour un dernier repas avec Claudine et Jean-Michel. Je crois que ça fait 15 jours environ que nous nous connaissons. Je vais me retrouver seul pour la partie espagnole. Ainsi vont les rencontres qui se font et se défont sur ce Chemin propice aux partages sans artifice social, sans masque, sans fard.
A part ça… La trace GPX sur Compostelle.fr m’a embrouillé l’itinéraire. Difficile de vous expliquer. Il n’y a pas que les vieilles pèlerines qui ne trouvent pas leur chemin de bon matin. Je me suis rabattu sur Google Maps et je suis resté sur les routes dont un très joli passage en crêtes face à la Rhune (montagne sacrée des basques). Comme hier des rapaces à l’envergure impressionnante (vautours fauves ou gypaètes barbus ?) ont fait des ronds à basse altitude.
J’ai dû prendre la variante pour Saint Pée sur Nivelle parce que je savais qu’il n’y avait plus d’hébergement possible à Ascain. Voilà pourquoi l’étape du jour fut réduite. Arrivé au gîte communal â 12h, j’ai profité tout seul de cet ancien presbytère jusqu’à l’arrivée du duo de Cahors. J’ai commencé mes réservations pour le Camino Primitivo que je démarre dans trois jours… Il n’y a que nous dans ce grand gîte. Ça me rappelle la Voie d’Arles l’an dernier.
Dans les bons moments de la journée il y a eu cette langue basque qui ne cesse de m’étonner par son incroyable étrangeté. On sait que son origine est mystérieuse mais tout de même elle exagère. On croirait un langage de martiens ou d’une peuplade de la saga Star Wars . Vous sauriez deviner ce que veut dire : « Ez deus botas zilotik » ? J’attends vos propositions. Réponse demain.
Parmi les bons moments de cette courte marche il y a eu aussi et surtout l’appel téléphonique de mon ami Jean-Marc gentiment venu aux nouvelles.
Il m’appelle tout le temps « mon poulet ». Il s’inquiète pour Mister P. Mais Il s’enthousiasme pour ses aventures. Aujourd’hui il m’a dit : « Pour moi tu es un surhomme ». Je ne sais pas ce que Nietzsche en penserait mais je crois que Jean-Marc, en bon Marseillais, exagère un peu beaucoup lui aussi.Je ne suis qu’un homme qui marche.
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Le pèlerin va mieux
Il a même envie
De se prendre en photo
Commentaires
Coucou Yves ! Alors je me lance et propose : "Vous avez deux bouteilles s'il vous plaît ?". On te fait de très gros bisous écossais, on te suit en fonction de nos hébergements ! On a adoré le pays Basque en vélo électrique, à pied ça doit être autre chose ! Heureusement la Rhune veille sur toi. Bonne continuation et encore bravo bravo bravo