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S2. Jour 47. Le présent est un cadeau.

Berducedo-Grandas de Salimes 20,5 km. Cumul : 983 km.

« Journée pluvieuse, journée heureuse ». Nouveau dicton mais à usage localisé et durée limitée. Valable uniquement sur le parcours et pour la durée de mon Camino Primitivo. Pas de généralisation trop hâtive. Surtout pour un  sudiste.

En ce moment je dois l’avouer les journées s’enchaînent comme les perles d’un beau collier. La pluie certes est une accompagnatrice zélée mais elle reste légère dans son approche et n’insiste jamais trop longtemps. La brume est aussi notre amie, qui aime jouer à cacher en partie les paysages. Ou plutôt à les transformer. Car rien ne se perd tout se transforme. La bruine, la brume, le brouillard, inventent de nouvelles vues et de nouvelles sensations pour le marcheur. Ils n’enlèvent rien, ils entrent en scène, c’est tout, et jouent une autre pièce. Voilà pourquoi cela ne change  rien à mon bonheur de pèlerin.

Je ne suis pas sur le chemin à la recherche d’un beau convenu, répertorié, étiqueté, touristique. Je n’ai rien acheté, et surtout pas un voyage sur catalogue avec paysages de cartes postales. Je prends les choses comme elles sont et comme elles viennent, dans la vérité du moment.

Ce n’est peut-être pas par hasard (encore une fois) que sur la route aujourd’hui un graffiti grand format rappelait : « the present is a gift « (1).

Ces paysages, aujourd’hui dans le gris comme d’autres fois dans le bleu, sont des cadeaux. Même s’ils font croire parfois à un « naturel «  trompeur.

Ce gros serpent au fond de la vallée : un fleuve canadien ? Un fjord norvégien ? Non. Une retenue d’eau pour un barrage sur lequel nous passerons une heure après avoir découvert ce point de vue.

La nature « artificielle » de ce plan d’eau n’ôte rien à la beauté dont le pare ma mémoire esthétique, y voyant aussi bien les méandres d’une rivière dans une perspective à la Vinci que les couleurs et l’ambiance d’un tableau romantique.

Je le redis : il n’y a pas de beau paysage, il n’y a que des paysages que l’on trouve beaux. Je dirais même que tout est potentiellement beau, surtout dans le cadre d’une photographie…

La brume et la pluie ont donc toute leur place dans notre musée personnel, et ce Chemin Primitif dans ces Asturies humides me rappelle la force de leur charme, à moi qui par goût  suis plutôt attiré par les beautés solaires, lumineuses.

Cet éloge semblera évident à certains natifs où habitants de contrées où cette beauté du gris et de la pluie est ancrée dans la culture, des côtes celtiques aux pays nordiques. En revanche il faut comprendre ce que cela représente pour un Provençal…

Je ne prétends pas y être toujours sensible de la même façon. Je ne parle pas non plus d’un lieu de vie permanent. Je mentirais.

Alors comment est-ce possible ? Encore la « magie » du Chemin ? Peut-être qu’ici mon présent est tellement intense que je perçois tout sous un certain angle, y compris le temps qu’il fait. Content d’être là. Un peu béat, un peu ravi de la crèche. Tout est bien. On prend le Camino comme il est.

Mais attention tout de même : avec modération. J’espère que demain, avec des orages prévus, ne me fera pas changer d’avis. Le sentiment esthétique n’est pas toujours un parapluie suffisant. Heureusement, j’ai Félix (2).

(1) le présent est un cadeau.

(2) nom donné à mon petit parapluie de randonnée … voir épisodes précédents.

……………………..
Je marche encore plus vite

Sans arriver à semer

La pluie

Commentaires

  • Si tu commences à aimer la pluie !!!!!! Sacré Camino !!! Demain orage peut-être mais 1000!!!

  • Très joli paysage....ça fait envie ! Nostalgie de ma Lorraine natale....grand nord pour les Provençaux. En ce moment, les pauvres Mosellans subissent de grosses inondations. Il vaut sans doute mieux être dans les Asturies.

  • Tes textes se font plus longs , tu traduis tous les paysages et toutes tes sensations au plus près de ton ressenti ce qui montre à la lectrice que je suis une connexion et une déconnexion totales pour ne garder que ce qui est important .

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