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S2. Jour 38. En vérité.

Biddaray-Espelette 22,5 km. Cumul : 832,5 km.

Michelle était pressée ce matin. Je ne sais pas pourquoi. Un peu stressée. Elle est partie sans m’attendre. Il faut dire que Mr P est un peu long à la détente le matin y compris malgré la routine bien huilée de faire et défaire et refaire le sac. Mais je l’ai vite retrouvée encore en sens inverse affolée de ne pas trouver les balises de l’étape du jour. Moi pour une fois j’avais chargé la trace GPX sur Visorando (les spécialistes comprendront) et à partir de là on a fait comme prévu étape ensemble.

Sur la route aujourd’hui c’était la sortie générale pour les limaces. Pour elles aussi c’est peut-être un jour férié. Cela dit, franchement, une limace, c’est comme un pèlerin sans sac à dos. Ça n’a pas de sens. Rien à voir avec l’escargot et sa maison sur le dos étalonnée nombre d’or ! Quelle différence !

A part ça… Hier soir j’ai bouffé la moitié d’un paquet de « Tuc » pour me remonter le moral. Les Tuc, comme les crackers Belin de  Katia (vous vous souvenez ? Cf jour 21), ont un petit côté nostalgie de la casa, home sweet home. J’ai eu droit aussi hier soir â une mega pasta party, une grosse platée préparée par Thomas. Je l’ai souvent dit : aucun blues ne résiste chez moi à un plat de pattes.

L’étape du jour, malgré un bon dénivelé basque encore, marque ma remontada morale. Mais je sais que le syndrome du yoyo me guette toujours. Comme je le plaisantais avec mes chers trois amis mousquetaires : « Vérité d’un jour n’est pas vérité de toujours ». Compostelle a certes ses vérités générales théoriques, par exemple : un sac à dos doit être le moins lourd possible) mais elle a surtout ses vérités factuelles d’un jour (par exemple : tiens, aujourd’hui, je n’ai pas eu mal aux talons). Cette distinction pose néanmoins une problématique philosophique qui mériterait bien une double copie double.

La vérité, si elle existe, est immuable, éternelle, pas éphémère ou changeante. Bon, cela dit même les sciences ont du mal à assumer ce statut : Einstein a tout de même foutu un sacré coup à la vérité selon Newton. Le Chemin quant à lui rend humble quant aux vérités générales et chaque jour… est un autre jour (bonjour l’évidence !), capable de renverser toute certitude absolue.

L’apparente vérité connue qui guide la routine du Chemin recèle son lot quotidien de vérités temporaires ou de vérités déviantes. En fait on ne sait rien, ou si peu. Alors on laisse faire le Chemin. Il fait de nous ce qu’il veut. C’est peut-être cela sa grande vérité.

Michelle quant à elle délivre sa vérité sur la vieillesse : » Je faisais du tricot à 20 ans, je vais pas en faire maintenant ! » lance-t-elle en appuyant sur ses bâtons Décathlon. Pour lui parler je passe à sa gauche, elle est sourde de l’oreille droite.

A Espelette nous logeons dans la maison-atelier-galerie d’Andy Le Sauce, artiste peintre (et par ailleurs ancien champion du monde de plongée en apnée…). Les chambrettes s’appellent Miro, Corot, Rothko, Andi, et ...Kouchto

La porte de cette dernière chambrette-cabane dans le jardin a un hublot. Andy a de l’humour.

Il m’a commandé un texte pour sa prochaine expo. J’ai pris des notes et des photos de ses tableaux.

Je suis allé ensuite acheter du jambon du pays et du fromage d’Ossau. J’ai mangé une glace parfum « fraise piment d’Espelette ».

La vérité du jour c’est que tout était simplement bien. Je me suis même fait un selfie solo. C’est bon signe. Demain ? C’est un autre jour.

……….       

Le pèlerin assis

Mange une glace

Comme le touriste

 

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