S2. Jour 32. Au chemin des merveilles.

Argagnon - Navarrenx 25,5 km. Cumul : 717 km.

On repart chaque matin, sans trop regarder au-delà de l’étape du jour, et puis on réalise qu’on marche depuis un mois, et qu’on a parcouru plus de 700 km… Je suis à trois jours de Saint Jean Pied de Port, qui pour beaucoup de pèlerins est une fin, et pour beaucoup d’autres un début. Ce sera pour moi un passage mais tout de même aussi un premier aboutissement : la fin de la Voie du Puy.

Ce matin j’ai encore béni le jour où j’ai eu la bonne idée d’acheter ce petit parapluie qui m’abrite depuis deux jours d’une pluie persistante. C’était dans un magasin de rando de Sydney (c’est chic non ?), dans ce pays aux antipodes de Compostelle, à une époque où je n’y songeais pas, et sans vraiment en avoir utilité. Il était écrit que cet accessoire (marque Katmandu, non distribuée en France) deviendrait un indispensable partenaire de mes Caminos. A tél point que comme mes bâtons Jojo et Jaja, j’ai décidé de le prénommer. Je vous présente donc Félix, mon fidèle compagnon des jours de pluie !

Hasard typiquement compostellien ce matin entre deux averses. Je m’écarte du GR pour viser une épicerie et un ravito léger, je passe devant un gîte et juste à ce moment sort… Conny ! Mais oui, rappelez vous ! La Hollandaise avec laquelle j’ai partagé de nombreux gîtes et que j’ai si souvent rencontrée depuis le… premier soir ! A St Privât d’Allier, au premier gîte, elle était à côté de moi à table ! Et je la retrouve 33 jours après pour… son départ , car elle s’arrête, à cause d’une périostite (un classique sur Compostelle, que j’avais subi aussi en Camino 1  dans les derniers jours ).  Elle est triste mais je la sens  soulagée. Elle peut être fière de ce qu’elle a fait.

Cette histoire ne vous rappelle rien ? Remember Camino 1 et Raphaël l’allemand, et Dorian aussi… Ce Chemin est vraiment dingue. A quelques secondes près Conny montait dans la voiture de son mari…

Pour la pause déjeuner nous avons trouvé encore un lieu qui serait qualifié d’« alternatif » s’il n’était pas sur le Camino. Deux abris en bois avec vieux fauteuils, tables et chaises, et une collection de citations en blanc sur ardoises noires, accrochées au grillage de ce « jardin » où les fleurs sont des mots, les plantes des pensées. J’y ai ajouté mon tag avec mon feutre rouge. Encore un lieu, comme le café de Mathieu (voir jour 31j) à haute valeur de pensée ajoutée.

Je ne laisserai personne dire que tout cela est vain. Tout commence par des mots, des idées. Pour le pire comme pour le meilleur. C’est aujourd’hui que l’on imagine les fictions que nous choisirons pour construire demain. Oui, un autre monde est vraiment possible. A nous de l’inventer. En tout cas sur le Camino, on y croit. C’est un peu comme si on était au « chemin des merveilles «. Alice aussi pourrait être pèlerine ! 
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Il fait trop chaud

Après la pluie

Jamais content