Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

S2. Jour 3. La battante.

Saugues - Le Sauvage 20km. Cumul : 65,5km.

On n’y échappe pas. Un misanthrope ne fera jamais le Chemin de Compostelle. On doit accepter une part de socialisation.

Cette année mes premiers compagnons du Chemin s’appellent Frédéric (de Voiron), Pierre-Alain (de La Réunion), Jean-Luc (du Havre). Et puis Pierre, un éducateur de Rennes qui accompagne Enzo, 15 ans, dans le cadre d’une « rupture » pour le sortir provisoirement d’une prison pour mineurs.

Enzo est un petit blond aux yeux bleus, maigrichon. D’après ce que j’ai compris il a déjà un lourd casier. C’est troublant (et très triste) d’imaginer tout ce que ce petit blondinet au visage d’enfant a pu faire. Sous la pluie, aujourd’hui, Il marche comme un chien fou, par accélérations puis arrêts brusques. Il râle un peu mais avale les kilomètres. A la pause je l’ai vu fumer sa clope. En plus du sac à dos il porte une sacoche Calvin Klein en bandoulière. Ce duo en a pour 3 mois. J’imagine que ça va pas être facile tous les jours… J’ai dit à Enzo : « C’est trop fort ce que tu fais. C’est trop bien. Tu vas t’en souvenir toute ta vie ! ». C’est un supporter du PSG. On se branche.

Je ne sais pas si c’est cette compagnie, le fait de marcher avec d’autres, mais j’ai bouffé l’étape d’une traite (à part un bref stop café au km 8 où j’ai rencontré Enzo). Ou peut-être est-ce la pluie, intermittente mais drue et rafaleuse, qui nous a poussés plus vite que prévu vers le havre du gîte au Sauvage, grande ferme réhabilitée, isolée, très bien aménagée, très couleur locale. Un lieu prisé des pèlerins.

Je suis arrivé vers 13h30. Déjeuner léger. On est en  Gévaudan. La bête se décline même en bière. Je ne m’en prive pas. Puis installation  avec quelques uns de mes néo compagnons dans une chambre de 6 lits bien espacés, haute de plafond.

Murs en belle pierre granitique. On n’est plus au pays des volcans.

 Déballage du sac. Douche. Repos. C’est confortable d’arriver tôt.

Tout à l’heure après un long cheminement en forêt, on a débouché sur une grande clairière piquetée  de fleurs jaunes. Malgré la pluie cinglante j’ai pris en photo en bord du champ une de ces fleurs battues par le vent et l’averse. J’aime cette beauté qui lutte, cette fragilité qui résiste. Je suis bêtement nul en botanique. J’ai demandé à Jean-Luc de quelle fleur il s’agissait. Ma chambre ce soir dans le gîte porte son joli nom : « Jonquille ». Une fleur, comme une femme, une battante.

………………………

Jonquille sous la pluie

Battante

Sa beauté résiste à tout

Commentaires

  • Il y a une fille qui raconte une bande de jeunes qui doivent faire Compostelle pour éviter la prison…… comme Enzo. Admirables ces éducateurs qui essaient de les aider. Ça relativise toujours notre rôle !
    C’est le printemps, tu vas croiser sûrement plusieurs fleurs le long de ton chemin.; autant de femmes qui te saluent

Écrire un commentaire

Optionnel