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Les jours d’après.1. Au pas de course.

Le tropisme du pèlerin vers l’esplanade de la cathédrale n’est pas un mythe. On y revient chaque fois, chaque jour que l’on passe à Santiago. D’abord parce que toutes les rues de la vieille cité mènent à ce point névralgique. Aussi parce que le pèlerin veut continuer à vivre cette expérience à la fois individuelle et collective. Ne pas en finir tout en finissant, voilà son dernier défi.

En y retournant le lendemain de mon arrivée, je n’ai pas regretté la pluie de la veille qui m’avait offert une place déserte. Au soleil les arrivants en tous genres prenaient leur aise et s’étalaient volontiers en petits troupeaux. Surtout les vélos, un peu encombrants et énervants pour être sincère.

J’ai moi même occupé l’espace comme un manifestant pacifique en m’asseyant sur les dalles de l’esplanade et en enlevant mes sandales. Un vrai hippy en chaussettes avec ma barbe de 75 jours qui me donne aussi des airs de druide celte, raccord avec le joueur de cornemuse qu’on entendait malgré le brouhaha et les hourras divers de tous ces pèlerins célébrant leur arrivée.

Une chose me troublait depuis que, à mon tour, j’étais devenu spectateur de tous ces candidats à la Compostella. Toutes et tous ceux qui, sans interruption, arrivaient sur le parvis, ou que je croisais dans les rues de la vieille ville dans les dernières centaines de mètres que je leur voyais accomplir comme je l’avais fait moi même la veille, avaient un point commun : ils marchaient d’un pas pressé. Je voyais davantage dans leur allure celle des voyageurs se dirigeant vers un métro plutôt que celle de pèlerins s’approchant du tombeau d’un apôtre. En trois jours passés sur ce dernier kilomètre du Chemin je n’ai vu personne, absolument personne, vivre lentement, méditativement, intensément, cette fin de long parcours.

Cela est rassurant sur l’état de forme global et final de tous ceux qui ont pourtant rarement été épargnés par l’un ou l’autre des habituels pépins physiques notamment, bien sûr, touchant leurs précieux pieds. Tant mieux. Pourtant j'ai remarqué que malgré l’importance de ce dernier kilomètre, les visages souvent sont peu expressifs. La joie vient bien sûr quelques minutes plus tard, sur ce fameux parvis propice aux selfies. Mais ce rythme rapide (clac clac, clac clac, font les bâtons dans les rues de Santiago) fait bien décidément penser à la fin d’une course, pas d’un pèlerinage. Ou la fin d’une longue randonnée, pas la conquête d’un Graal spirituel. Qu’en pense St Jacques, du haut de sa majestueuse statue ?

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"Les jours d'après" ce sont 4 chroniques.  Ne pas oublier de lire les 3 autres ! 

+ "Epilogue" à venir...

Commentaires

  • Soulagée qu’il y ait une suite :-)))))
    J’espère que tu vas publier l’ensemble
    Bizzzzz

Les commentaires sont fermés.