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Jour 73. Respire.

Melide - Calle 23 km. Cumul : 1596 km. Reste : 31 km.

« Santiago 33km ». Je préfère ce bois découpé patiné par la pluie et le soleil que toutes ces bornes en pierre (plusieurs par km) identiques qui donnent depuis Sarria la distance restante au mètre près…

Étrangement maintenant ce sont ces petites distances qui me semblent irréelles. A peine la distance Aix-Marseille ! Vraiment ? Comment est-ce possible ? Santiago c’était loin, toujours loin. Il est difficile de croire que ce soit là, à côté, si proche.  Il fut un temps où ce but était rejeté dans son lointain comme un rêve toujours repoussé. Savoir que je vais toucher maintenant ce but m’interpelle : comment vais-je réagir à ce désir comblé, à cet accomplissement ?

 

Et en plus je vais y arriver en forme, sans blessure ou dégât pour le corps. Qui l’eût cru il y a encore une  semaine  ? Demain je vais comme aujourd’hui faire un peu plus de 20km. Je garde mon pas d’escargot-tortue-fourmi-bouddha, je m’autorise quelques coups d’accélérateur avec Jojo et Jaja. Je suis bien. Il y a certes mon sac à dos qui commence à peser plus lourd alors que rien n’a été ajouté. Je ne peux pas lui en vouloir : c’est peut-être le poids du vécu.

Le poids du marcheur, lui, n’a pas dû beaucoup changer. J’ai hâte d’ailleurs de retrouver une diététique saine parce que « cana et boccadillos » n’est pas un régime raisonnable à long terme.

Je suis ravi d’aborder ces dernièrs kilomètres sans stress, sans souci particulier, et finalement sans pépin physique (apparemment). J’en rêvais : traverser cette aventure avec le corps et ressentir la paix de l’esprit. Être dans le calme de l’instant pour vivre ces dernières heures sur le Chemin.

Connaître sur le Camino ce pouvoir du présent, notre seule réalité. dont parle si bien mon maître Eckart Tollé.

Je l’ai évoqué d’ailleurs  avec Marcus et sa fille Jacqueline, allemands comme lui, mais ils ne l’ont jamais lu. Marcus qui m’a dit avant hier à table, alors que nous nous connaissions depuis une demie-heure ; « Tu devrais faire un livre avec ton blog ». Étrange qu’il soit si direct sans rien avoir lu bien sûr. Peut-être Dieu lui a confié cette mission : me convaincre de faire un livre avec ce Camino.

Ce soir gîte sympa dans le joli petit village de Calle. On est 5 dans un dortoir de 12. Au bar ça picole et parle fort en galicien. Ambiance locale. Je me sens hyper bien. Mon ami Romuald, qui connaît le Chemin, m’a donné pour cette fin de parcours, le conseil le plus simple et le plus compliqué : « Respire ». Je fais de mon mieux.

Dans deux jours ce « Journalet « va interrompre sa parution quotidienne. Ça va me manquer. Vous aussi peut-être…

Mais je vous raconterai  plus tard  « les jours d’après «  puisque quand on arrive au bout du chemin on continue de marcher…

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Je respire

Ici et maintenant

Ce n’est pas rien

 

Commentaires

  • Mais oui ça va nous manquer !!!!! Profite des derniers moments !!!! Savoure

  • Nous avons fait un jour la via alpina (des morceaux de 4 semaines donc beaucoup moins d’immersion que toi). Mais je me souviens de ces deux derniers jours où nous n’arrivions pas à arriver, surtout ce dernier jour. Avec le plaisir de quelques figues grappillées car nous n’avions pas pris à manger. Avec cette vue de tas de vêtements : des migrants traversant la frontière près de Trieste. Avec cette grande place où nous avons débarqué un peu crasseux, la place de l’unité italienne. Du plaisir. Mais depuis rien. Pas arrivée pas entamer un autre chemin. J’espère que tu t’en tireras mieux que moi, une fin trop triste. Le vide.

  • Je profite du calme avant la tempête de joie que va susciter votre arrivée, pour me glisser dans le fil des discussions et vous remercier pour votre partage quotidien et ses vertus nourrissantes. Enfin, je me permets de citer une phrase attribuée à Sylvain Tesson (Sur Les chemins noirs) que vous avez contribué à illustrer magnifiquement :
    « Quand le corps avance, l’esprit à tout le loisir de se pencher sur le parapet des souvenirs, de se livrer à la contemplation, de réfléchir au monde et de rêver peut-être « .
    Sobrement : Merci

  • Merci !

  • Ça doit vraiment sembler irréel en effet, Yves. Mais quel exploit ! Il n'y a pas assez de synonymes du mot bravo pour te dire ce que je pense

  • Déjà au bout de ce chemin dont le but paraissait si loin en te lisant quotidiennement!!! Je ne doutais pas de cette réussite. Je me suis fait la même reflexion que Marcus pour le livre, il ne manque que 2 chapitres et l'épilogue...
    Bravo.
    Bises

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