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Jour 69. Que la joie demeure.

Samos - Sarria 16km. Cumul : 1508 km.

J’ai retrouvé le gastéropode  galicien ce matin. Évidemment il est très sympa en fait. On a fait un brin de causette, entre cheminards. J’en ai profité pour lui raconter mon rêve d’escargot (voir Jour 34). Ça l’a fait rire. Après, je l’ai laissé partir devant.

De toute façon je préférais être seul parce que j’avais  un événement à préparer : le passage de mon kilomètre 1500 ! J’en ai profité pour savourer plus que jamais chaque pas avant cette frontière symbolique. A ce moment là, la douleur était très supportable. Et le Chemin traversait une campagne à vaches, vallonnée, empruntait des petites routes paisibles ou des sentiers de terre boueux et bouseux. Dans cette Galice profonde j’ai eu envie d’écouter Bach à nouveau, et un morceau en particulier, la cantate « Jésus que ma joie demeure ». Très vite j’ai senti l’émotion me gagner et ça n’a pas raté. Mister P. (1) a ouvert les vannes lacrymales. En grand.

Et puis j’ai changé de registre avec Lady Gaga et Bradley Cooper. Ça n’a pas arrangé le cas de Mister P. qui pensa que de toute façon il n’allait pas avoir le choix. Lent, il le sera. Ce Chemin, parfois de croix, le lui apprenait à sa façon, le lui faisait accepter.

Et puis le « Shallow » du duo n’a pas non plus arrangé mon cas.

« Are you happy in this modern world/ Or do you need more ? ».

Juste avant le passage des 1500 bornes, je repensai à tous ces jours nomades, à tous ces moments, à tous ces lieux, à toutes ces personnes. J’ai tout revu comme un film en accéléré et j’ai été submergé par un grand sentiment de reconnaissance envers la vie qui me permettait d’être là, encore en chemin, d’avoir pu goûter à tout cela. J’ai ressenti cette puissante conscience d’exister qui parfois m’effrayait quand j’étais enfant. A l’intérieur j’étais nu. Mes vannes aussi se sont ouvertes. Ce n’étaient pas que des larmes de joie, puisque se mêlaient tous les sentiments et toutes les sensations accumulés en 1500 km de marche.

Ce n’est pas fini. Demain encore et encore après je risque de souffrir. C’est comme ça. C’est mon Chemin. Mais quoi que mon corps subisse, je sais déjà que ce premier Camino demeurera dans ma mémoire un long, très long, chemin de joie.

(1) voir jour 23.

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Petit papillon blanc

Toi aussi tu viens m’attendre

À Santiago ?

Commentaires

  • Extraordinaire et vibrant ce que tu nous livres'Yves! 1500km... Tu as atteint la pureté, la quintessence même des sentiments, de la vie, Tout ça, bercé par les accords de 'Shallow'.
    Ah! ce chemin!
    Tu es 'haut et fort'.




    , tu as bien planté le décor

  • Superbe texte , à te lire on comprend que le Camino transporte et transforme, la dévotion de ces millions de pèlerins depuis des centaines d’années ici et ailleurs.
    Superbe photo aussi : bientôt le bout du tunnel !

    Tu en auras fait du chemin !!!!!
    Moisns transportant que Bach lady Gaga ou Bradley , cela me fait penser à la chanson la douleur de Camille où elle parle de godasses !


    « Faut qu'elle crève de bonheur
    Ou qu'elle change de godasses
    Faut qu'elle croule sous les fleurs
    Change de couleur
    Je vais jouer au docteur
    Dites moi que fout la science
    A quand ce pont entre nos panses?
    Si tu as mal là où t'as peur
    Tu n'as pas mal là où je chante!« 


    Alors chante !!!! Bises

  • La Comtesse Maxime de La Falaise à une seconde version de : Que ma joie demeure… Ma q… meurt de joie.
    Bon courage et amitiés.
    Popo.

  • Bonjour Yves, c'est toujours avec beaucoup d'émotion, et de joie que je te lis tous les jours. Tu avances à ton rythme, tu admires des paysages formidables, et tu nous livres tes souvenirs. Un immense merci pour tout ce que tu nous permet de vivre avec toi par la pensée et par le coeur. Bonne continuation. Prends ton temps. Bises de nous deux.

  • Merci de nous faire partager votre merveilleuse expérience, je suis toujours impatiente de vous lire.
    A bientôt à l’UTL, enfin j’espère !
    Laure.G

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