Jour 42. Fragile équilibre.

Arrès - Artieda - Ruesta 29km. Cumul : 902 km.

Aujourd’hui départ plus matinal qu’à l’habitude pour rester dans le timing du groupe qui a couché au gîte d’Arrés. Hier soir repas collectif préparé par les deux hospitaliers en grande forme pour faire le spectacle. L’un est un ancien toréro, l’autre boute-en-train ne carbure peut-être pas qu’à l’eau plate, mais je n’ai pas de preuve. Je suis médisant. En tout cas c’était olé, olé. Très sympa. Très bruyant. Avec en bonus la visite de la petite église et le coucher de soleil depuis l’éperon rocheux au sommet du village. Plus un appel whatsap de famille et amis réunis. Ça m’a fait du bien. J’en ai besoin.

 

 

Je ressens toujours une sorte de fragilité depuis que je suis en Espagne. Mister P. (voir jour 23) manque d’assurance  pour la suite, et cela le déstabilise. A midi,  après une montée (sévère) facultative jusqu’à l’auberge du village d’Astoria, une jeune fille allemande nous a décrit un Camino Frances déjà surchargé, avec files d’attente devant les gîtes, à tél point qu’elle a choisi de retourner par le chemin aragonais sur lequel nous avançons.

Ces infos m’ont démoralisé. J’hésite à m’engager sur cette voie. Que faire ? Camino del Norte, qui suit la côte ? Je n’y suis pas du tout préparé.

Je regrette cette hésitation car ce matin, la conversation fut très riche avec Manuel le jeune allemand (33 ans) en mode reconversion totale et José mon équivalent espagnol (prof, écrivain) de 46 ans en année sabbatique. Nous avons fait notamment le procès du capitalisme. Je vous en reparlerai.

Après une étape longue et éprouvante, je suis arrivé à Ruesta au moment où des nuages s’échappaient d’une tour du château de ce village en ruines dont ne survit qu’une auberge pour pèlerins, gérée par un syndicat anarchiste. Ici, le procès du capitalisme, c’est la routine, et il s’écrit et se dessine notamment sur les murs de ces maisons abandonnées.

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Tellement de choses dites

Ce Chemin

Est très cultivé