Jour 17. Le miracle quotidien.

Jour 17. Anglès-Noailhac 25 km. Cumul : 403 km.

Lundi de Pâques. Aujourd’hui tout le monde mange des œufs en chocolat, je ne sais pas trop pourquoi. Les Chrétiens célèbrent le jour de la résurrection du Christ. Je n’aime pas trop cet épisode pourtant fondateur du dogme catholique. Jésus n’avait pas besoin de « ressusciter » pour convaincre.

Il était peut-être dans le coma pendant deux jours. Il s’est réveillé. C’est tout. On a cru au miracle.

Moi aussi j’ai cru au miracle aujourd’hui. Un miracle qui s’appellerait Voltarène. C’est Jacqueline, mon hôtesse du jour en ce beau coin du Tarn,  qui m’a donné la pommade hier soir. Mais la pharmacie fait rarement des miracles.

En revanche j’ai eu droit à des œufs moi aussi, pourtant loin de ma tanière et de mon jardin. Ce matin avant de partir c’est encore Jacqueline qui m’a offert une trinité d’œufs durs, trois œufs de ses poules dont une « vieille » sauvée de l’abattage programmé. Je ne savais pas qu’on tue les vieilles poules parce qu’elles font des œufs trop gros pour le calibrage et l’emboitage. Dingue.

Chez Jacqueline et sa fille c’est l’Arche de Noé. Des chiens, des chats, des ânes, des chèvres, et bientôt des chevaux.

Jacqueline ne reçoit pas que des pèlerins bobos existentialistes comme moi. Elle s’occupe d’enfants sans famille ou en rupture d’école, tente de les reconnecter avec la nature et les animaux. Bref, elle essaie de faire des miracles.

Chaque jour mes talons restent donc plus ou moins douloureux après 15 km de marche. Mais je ne me plains pas. Moi aussi j’ai eu droit à mon miracle en ce jour de Pâques, et ce n’était pas seulement manger des œufs durs. J’ai eu droit à mon miracle quotidien : exister et être  sur ce chemin, ici et maintenant. Je n’en demande pas plus.

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Sur une souche

Posant mon sac je dérange

Une coccinelle